Insee Flash OccitanieUn taux de chômage historiquement élevé

Magalie Dinaucourt, Roger Rabier, Insee

En Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, le taux de chômage est historiquement plus élevé qu’en France métropolitaine, notamment dans les départements du littoral. Dans les années 2000, le taux de chômage régional tend vers le niveau national. Puis, l’écart augmente à nouveau depuis 2007, sous l’effet de la crise des subprimes. Les hommes, dont le taux de chômage dépasse désormais celui des femmes, et les jeunes sont particulièrement affectés par les récents chocs économiques.

Magalie Dinaucourt, Roger Rabier, Insee
Insee Flash Occitanie No 5- Février 2016

Apparu dans les années 70 et devenu massif dans les années 90, le chômage touche, en 2014, 12 % de la main d’œuvre du Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. C’est le deuxième plus fort taux de chômage des régions métropolitaines derrière celui du Nord-Pas-de-Calais-Picardie (12,5 %) (figure 1). En France, 9,9 % des personnes actives sont dépourvues d’emploi.

Figure 1Les départements du littoral plus exposés au chômage

en %
Les départements du littoral plus exposés au chômage (en %)
nom du département taux de chômage
AIN 7,1
AISNE 14
ALLIER 10,4
ALPES-DE-HAUTE-PROVENCE 11,7
HAUTES-ALPES 9,2
ALPES-MARITIMES 10,5
ARDECHE 10,6
ARDENNES 12,2
ARIEGE 12,2
AUBE 12,1
AUDE 13,9
AVEYRON 7,4
BOUCHES-DU-RHONE 11,9
CALVADOS 9,7
CANTAL 6,5
CHARENTE 10,2
CHARENTE-MARITIME 10,6
CHER 10,2
CORREZE 8
COTE-D'OR 8,4
COTES-D'ARMOR 9
CREUSE 9,6
DORDOGNE 10,8
DOUBS 9,4
DROME 10,9
EURE 10,5
EURE-ET-LOIR 9,6
FINISTERE 9,1
GARD 13,9
HAUTE-GARONNE 10,4
GERS 8
GIRONDE 10
HERAULT 14,4
ILLE-ET-VILAINE 8
INDRE 9,4
INDRE-ET-LOIRE 9,1
ISERE 8,2
JURA 7,6
LANDES 9,7
LOIR-ET-CHER 8,9
LOIRE 10
HAUTE-LOIRE 8,4
LOIRE-ATLANTIQUE 8,6
LOIRET 9,8
LOT 9,4
LOT-ET-GARONNE 10
LOZERE 5,9
MAINE-ET-LOIRE 9,3
MANCHE 8,3
MARNE 9,9
HAUTE-MARNE 9,5
MAYENNE 6,7
MEURTHE-ET-MOSELLE 9,9
MEUSE 10,1
MORBIHAN 9,3
MOSELLE 10,6
NIEVRE 9,5
NORD 12,9
OISE 10
ORNE 9,4
PAS-DE-CALAIS 13
PUY-DE-DOME 8,6
PYRENEES-ATLANTIQUES 8,6
HAUTES-PYRENEES 11,3
PYRENEES-ORIENTALES 15,2
BAS-RHIN 8,7
HAUT-RHIN 9,8
RHONE 9,2
HAUTE-SAONE 10,2
SAONE-ET-LOIRE 9,1
SARTHE 9,8
SAVOIE 7,9
HAUTE-SAVOIE 7,4
PARIS 8,3
SEINE-MARITIME 11,2
SEINE-ET-MARNE 8,1
YVELINES 7,3
DEUX-SEVRES 7,7
SOMME 11,7
TARN 10,9
TARN-ET-GARONNE 11,3
VAR 11,2
VAUCLUSE 12,6
VENDEE 8,5
VIENNE 8,3
HAUTE-VIENNE 9,6
VOSGES 11,8
YONNE 9,8
TERRITOIRE DE BELFORT 11,7
ESSONNE 7,6
HAUTS-DE-SEINE 7,8
SEINE-SAINT-DENIS 13
VAL-DE-MARNE 8,9
VAL-D'OISE 10,1
CORSE-DU-SUD 9,8
HAUTE-CORSE 11,4
  • Source : Insee, taux de chômage localisés - © IGN - Insee 2016.

Figure 1Les départements du littoral plus exposés au chômageTaux de chômage par département en 2014

  • Source : Insee, taux de chômage localisés - © IGN - Insee 2016.

Une situation historique

Si en 2014 la région est l’une des plus exposées au chômage, cette situation n'est pas propre à la période récente. En 1982, alors que le taux national était de 6,3 %, la carte du chômage faisait apparaître les prémices des contrastes entre les régions. Le Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées figurerait parmi les 4 régions les plus touchées derrière le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, la Provence-Alpes-Côte d’Azur et la Corse. L’augmentation du chômage est plus importante dans la région qu’au niveau national jusqu’au début des années 2000, avec un écart passant de 0,7 point en 1982 à 2,4 points en 2000 (figure 2). Puis, sous l’effet d’une accélération de l’emploi, le taux de chômage tend à rattraper celui de France, l’écart se réduit jusqu’à la crise des subprimes (1,3 point en 2007). Depuis, l’emploi régional progresse moins vite qu’auparavant alors que l’augmentation de population active reste élevée. Ainsi, le chômage régional croît davantage qu’en France. L’écart dépasse à nouveau 2 points en 2014.

Figure 2Davantage d’emplois, davantage de chômage

base 100 en 1990
Davantage d’emplois, davantage de chômage (base 100 en 1990)
Emploi en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées Emploi en France Écart de taux de chômage régional et national
1990 100,0 100,0 1,4
1991 99,8 1,5
1992 99,2 98,8 1,5
1993 98,9 97,9 1,2
1994 100,4 98,8 1,2
1995 101,1 99,4 1,5
1996 101,2 99,5 1,6
1997 102,5 100,7 1,7
1998 104,7 102,6 2,0
1999 107,2 105,2 2,2
2000 109,7 107,9 2,4
2001 112,4 109,1 2,2
2002 114,6 109,8 1,9
2003 116,0 109,7 1,6
2004 117,4 110,2 1,3
2005 119,1 111,0 1,3
2006 121,2 112,3 1,3
2007 122,7 113,9 1,3
2008 122,2 113,2 1,4
2009 122,5 112,3 1,4
2010 123,5 113,0 1,4
2011 124,3 113,6 1,7
2012 125,2 113,7 1,8
2013 125,7 114,0 2,0
2014 126,5 114,1 2,1
  • Lecture : en 1990, l’écart entre le taux de chômage du LRMP et celui de la France métropolitaine atteignait 1,4 point contre 2,1 points en 2014 (courbe prune). Dans le même temps, l’emploi a progressé de 26,5 % en LRMP et de 14,1 % en France métropolitaine (courbes orange et verte).
  • Source : Insee, estimations d’emploi localisées et taux de chômage localisés.

Figure 2Davantage d’emplois, davantage de chômageÉvolution de l’emploi et écart de taux de chômage entre le Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées et le niveau national

  • Lecture : en 1990, l’écart entre le taux de chômage du LRMP et celui de la France métropolitaine atteignait 1,4 point contre 2,1 points en 2014 (courbe prune). Dans le même temps, l’emploi a progressé de 26,5 % en LRMP et de 14,1 % en France métropolitaine (courbes orange et verte).
  • Source : Insee, estimations d’emploi localisées et taux de chômage localisés.

Au sein de la région, les départements les plus touchés sont ceux de la façade méditerranéenne : les Pyrénées-Orientales, suivies de l’Hérault, du Gard et de l’Aude, 4 départements parmi les 5 les plus touchés de métropole. Dans les années 90, ces mêmes départements étaient déjà les plus exposés au chômage.

Les hommes désormais plus touchés que les femmes

Par le passé, les femmes étaient davantage exposées au chômage que les hommes. Depuis 2002, leur situation face au chômage se rapproche de celle des hommes pour arriver à l’égalité en 2013. Pour la première fois en 2014, le taux de chômage régional des hommes dépasse celui des femmes. Au niveau national, c’est le cas depuis 2012. Ainsi, dans la région 12,2 % des hommes actifs sont au chômage contre 11,8 % des femmes. L’effet des chocs économiques depuis 2007 a été plus néfaste pour les hommes occupant des postes dans des secteurs davantage touchés comme l’industrie ou la construction. Les femmes, plus présentes dans les services, l’enseignement, la santé ont moins subi la crise que les hommes. D’autres facteurs peuvent expliquer ce rattrapage, comme le retrait du marché du travail de personnes éloignées de l’emploi.

Dans l’Hérault le taux de chômage des hommes est plus élevé que celui des femmes depuis 2009, l’écart atteint 1,6 point en 2014. Dans les Pyrénées-Orientales, c’est le cas depuis 2012. Le taux de chômage des hommes y est plus élevé que celui des femmes de 1,5 point. À l’inverse, le taux de chômage des femmes est supérieur à celui des hommes dans le Tarn-et-Garonne, l’Aude, les Hautes-Pyrénées et la Haute-Garonne (figure 3).

Figure 3Le taux de chômage des hommes dépasse celui des femmes

Le taux de chômage des hommes dépasse celui des femmes
Taux de chômage en 2014 (en %) Écart hommes-femmes en 2014 (en points)
Ariège 12,2 0,2
Aveyron 7,4 0,1
Haute-Garonne 10,4 -0,1
Gers 8,0 0,2
Lot 9,4 0,6
Hautes-Pyrénées 11,3 -0,1
Tarn 10,9 0,6
Tarn-et-Garonne 11,3 -0,7
Aude 13,9 -0,2
Gard 13,9 0,2
Hérault 14,4 1,6
Lozère 5,9 0,8
Pyrénées-Orientales 15,2 1,5
Languedoc-Roussillon-|Midi-Pyrénées 12,0 0,4
  • Lecture : les Pyrénées-Orientales et l’Hérault présentent à la fois le plus fort de chômage parmi les départements de la région et le plus fort différentiel de taux de chômage entre les hommes et les femmes.
  • Source : Insee, taux de chômage localisés.

Figure 3Le taux de chômage des hommes dépasse celui des femmesTaux de chômage par département et écart de taux de chômage entre les hommes et les femmes en 2014

  • Lecture : les Pyrénées-Orientales et l’Hérault présentent à la fois le plus fort de chômage parmi les départements de la région et le plus fort différentiel de taux de chômage entre les hommes et les femmes.
  • Source : Insee, taux de chômage localisés.

Forte progression du chômage des jeunes

En Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, la moitié des jeunes de 15 à 24 ans sont en études. Un peu moins de la moitié sont des actifs, en emploi (y compris les apprentis en formation en alternance), ou au chômage. 5 % sont sans activité (au foyer ou autres). Le taux de chômage des jeunes (15-24 ans) atteint 29,1 % en 2014, soit 5,7 points de plus qu’au niveau national. C’est la deuxième région la plus touchée derrière le Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Au sein de la région, les disparités départementales sont fortes : 19,3 % des jeunes actifs sont au chômage en Lozère et 36,8 % dans les Pyrénées-Orientales.

Depuis 2008, les jeunes de 15 à 24 ans pâtissent fortement des effets de la crise et sont ainsi plus touchés par la montée du chômage que leurs aînés, notamment dans la région. Leur taux de chômage croît de + 6,6 points contre + 5,1 points en France métropolitaine. Bien que les difficultés d’insertion renvoient en partie aux faibles niveaux de diplômes, les plus diplômés sont aussi fortement affectés par les chocs économiques.

La progression du chômage des jeunes est particulièrement sensible dans les Pyrénées-Orientales (+ 9,7 points) et dans les départementaux les plus ruraux de la région (Ariège, Gers, Aude, Lozère, Lot et Aveyron). À l’inverse, le Gard (+ 5,3 points) et le Tarn (+ 5,2 points) sont moins touchés (figure 4).

Figure 4Forte progression du chômage des jeunes depuis 2008

en points
Forte progression du chômage des jeunes depuis 2008 (en points)
15-24 ans 25-49 ans 50 ans et plus
Pyrénées-|Orientales 9,7 5,4 4,6
Ariège 8,6 4,0 3,2
Gers 8,3 2,7 2,2
Aude 7,5 4,4 3,8
Lozère 7,4 1,8 1,4
Lot 6,8 2,8 2,7
Aveyron 6,7 2,5 2,0
Haute-Garonne 6,6 3,3 2,4
Hautes-Pyrénées 6,6 3,7 3,3
Hérault 6,1 4,1 3,5
Tarn-et-Garonne 6 3,6 2,5
Tarn 5,3 2,9 2,6
Gard 5,2 3,9 3,2
  • Lecture : dans les Pyrénées-Orientales, le taux de chômage des 15-24 ans a progressé de 9,7 points entre 2008 et 2014 ; celui des 25-49 ans de 5,4 points et celui des 50 ans et plus de 4,6 points.
  • Source : Insee, taux de chômage localisés.

Figure 4Forte progression du chômage des jeunes depuis 2008Évolution du taux de chômage par tranche d’âge et département entre 2008 et 2014

  • Lecture : dans les Pyrénées-Orientales, le taux de chômage des 15-24 ans a progressé de 9,7 points entre 2008 et 2014 ; celui des 25-49 ans de 5,4 points et celui des 50 ans et plus de 4,6 points.
  • Source : Insee, taux de chômage localisés.

Sources

Les données sont issues du dispositif des estimations d'emploi localisées (Estel) et des taux de chômage localisés. Ces derniers sont calés sur le nombre de chômeurs estimé par l'enquête Emploi pour l'échelon national, et s'appuient sur la structure des demandeurs d'emploi inscrits en fin de mois à Pôle emploi pour la ventilation géographique. L'emploi est quant à lui mesuré en fin d'année et plus précisément à la dernière semaine de décembre.

Pour en savoir plus

Bessone A.-J., Dorothée O., Robin M. et Vugdalic S., « Emploi et chômage dans les nouvelles régions depuis la crise », Insee Focus n° 40, novembre 2015

Ballet B., Nozières B., Rabier R., « Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées : Le grand sud attractif », Insee Analyses Languedoc-Roussillon n° 10, avril 2015

« Ouvrir dans un nouvel ongletFemmes et hommes, égaux devant le chômage », Observatoire des inégalités, 12 février 2014