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Insee Flash Guadeloupe · Décembre 2021 · n° 157
Insee Flash GuadeloupeEn 2020, un ralentissement des naissances et une hausse des décès Bilan démographique de la Guadeloupe en 2020

Marcelle Jeanne-Rose (Insee)

En 2020, en Guadeloupe, le nombre de naissances continue d’augmenter, mais à un rythme nettement ralenti. La hausse des décès se poursuit et s’accélère. Elle résulte principalement du vieillissement de la population. Néanmoins, la pandémie de la Covid-19 entraîne une surmortalité au deuxième semestre. La fécondité reste élevée en 2020, et supérieure à celles de la Martinique et de la France métropolitaine. L’espérance de vie est en recul.

Insee Flash Guadeloupe
No 157
Paru le :Paru le14/12/2021

Avec une population estimée à 375 700 habitants au 1er janvier 2021, la population de la Guadeloupe décroît depuis une dizaine d’années. La région perd 0,7 % de sa population en moyenne par an, soit près de 30 000 habitants en une décennie, l’équivalent de la commune de Baie-Mahault. Le déclin est toutefois moins marqué qu’en Martinique (- 1 %) tandis qu’en France métropolitaine, la population continue d’augmenter (+ 0,3 %).

Le rythme de progression des naissances ralentit

En 2020, 4 678 enfants sont nés en Guadeloupe. C’est la 3ᵉ année de suite que le nombre de naissances augmente. Néanmoins, le rythme ralentit : seulement 77 de plus par rapport à l’année précédente alors qu’en 2019, l’archipel enregistrait 211 naissances supplémentaires. La Guadeloupe se situe parmi les régions françaises ayant un taux de natalité élevé, se classant en cinquième position. En effet, le taux de natalité gagne 0,3 point en un an et atteint 12,4 naissances pour mille habitants (‰). En Martinique, ce taux stagne autour des 10,0 ‰ depuis 5 ans.

En 2020, le nombre moyen d’enfants par femme s’élève à 2,33 en Guadeloupe. L’indice conjoncturel de fécondité (ICF) reste au-dessus du seuil de renouvellement des générations établi à 2,1 dans les pays développés (figure 1). En Martinique et en France métropolitaine, l’ICF est inférieur à ce seuil : il est respectivement de 1,93 et 1,79. En Guadeloupe, les femmes âgées de 25 à 34 ans sont plus fécondes que les femmes du même âge en Martinique, respectivement 1,28 enfant par femme contre 1,04. Cet écart varie selon la tranche d’âge : il est de 13 points pour les 35-49 ans et de 3 points pour les 15-24 ans, en faveur de la Guadeloupe.

L’âge moyen de la mère à l’accouchement est stable depuis 3 ans, à 30,1 ans. En Guadeloupe, les femmes accouchent plus tard qu’en Martinique (29,8 ans) et qu’en Guyane (28,8 ans). En France métropolitaine, l’âge moyen de la mère à la naissance du premier enfant est de 30,8 ans.

Figure 1Chiffres-clés des populations de Guadeloupe et de France métropolitaine

Chiffres-clés des populations de Guadeloupe et de France métropolitaine
Guadeloupe FranceMétropolitaine
2010 2019 2020 (p) 2020 (p)
Natalité, fécondité
Naissances vivantes 5 341 4 601 4 678 694 664
Naissances de mères mineures /// 48 40 1 790
Age moyen de la mère à la naissance 29,4 (r) 30,1 30,1 30,8
Taux de natalité(‰) 13,2 (r) 12,1 12,4 10,7
Indicateur conjoncturel de fécondité 2,12 (r) 2,25 2,33 1,79
Mortalité
Décès 2 963 3 469 3 742 652 818
Taux de mortalité (‰) 7,3 (r) 9,1 9,9 10,0
Espérance de vie à la naissance (en année)
Hommes 75,8 (r) 77,6 77,0 79,1
Femmes 83,4 (r) 84,2 83,6 85,1
Nuptialité
Mariages enregistrés 1 402 1 044 791 151 000
  • r : révisé
  • p : provisoire
  • Source : Insee, estimations de population et statistiques de l’état civil

Les décès sont en hausse

Le nombre de décès continue à progresser, entre 2010 et 2020, il augmente en moyenne de 2,4 % par an (figure 2). En 2020, 3 742 personnes sont décédées en Guadeloupe, soit 273 décès de plus qu’en 2019. Depuis 3 ans, le rythme des décès s’accélère : + 4,4 % entre 2017 et 2018, + 6,5 % entre 2018 et 2019, + 7,9 % entre 2019 et 2020. Cette hausse s’explique principalement par le vieillissement de la population. Les personnes âgées de 75 ans et plus représentent 9,5 % de la population totale alors que dix ans plus tôt, cette part était de 6,6 %. Les générations nombreuses du baby-boom arrivent à des âges élevés où la mortalité est plus importante.

En 2020, l’épidémie de la Covid-19 impacte cette croissance. En effet, c’est au deuxième semestre 2020 que l’épidémie entraîne une surmortalité, période où la Guadeloupe est touchée par la deuxième vague. Leur nombre augmente de 15 % par rapport au 2e semestre 2019. Il bondit de 40 % en septembre 2020 par rapport à septembre 2019 et de 38 % en octobre par rapport à octobre 2019. Ce rebond se poursuit mais plus légèrement, au premier semestre 2021 (voir encadré)

Le taux de mortalité continue son ascension et s’établit à 9,9 ‰, au même niveau que la Martinique et la France métropolitaine, 10 ‰.

L’espérance de vie à la naissance qui diminue en Guadeloupe de 6 mois pour les deux sexes, s’explique en partie par les décès liés au virus de la Covid-19. En 2020, elle est de 77 ans pour les hommes et 83,6 ans pour les femmes. La même tendance est observée en France métropolitaine : un recul de 6 mois pour les hommes et 5 pour les femmes.

La migration des jeunes affecte les naissances

Le solde naturel, différence entre les naissances et les décès, est moins élevé qu’au cours des dix dernières années. Le solde migratoire est de plus en plus déficitaire : - 5 000 habitants en 2020. Les départs du territoire des jeunes adultes à la recherche d’un emploi ou pour continuer leurs études restent importants, fragilisant un peu plus chaque année la structure démographique de l’île. Le déficit de jeunes adultes et en particulier de jeunes femmes a en effet, une conséquence sur le renouvellement des générations. Entre 2010 et 2020, la part des 15-49 ans dans l’ensemble de la population passe de 46 % à 39 %.

Figure 2Evolution du nombre de naissances et de décès depuis 1994

Evolution du nombre de naissances et de décès depuis 1994
Année Naissances Décès
1994 6 458 2 203
1995 6 403 2 339
1996 6 461 2 335
1997 6 641 2 278
1998 5 707 2 376
1999 6 481 2 504
2000 6 664 2 505
2001 6 706 2 461
2002 6 110 2 639
2003 6 102 2 522
2004 6 339 2 550
2005 6 534 2 769
2006 6 228 2 763
2007 6 050 2 649
2008 5 758 2 785
2009 5 487 2 850
2010 5 341 2 963
2011 5 384 2 835
2012 5 233 2 873
2013 5 069 2 951
2014 5 001 3 290
2015 4 714 2 906
2016 4 653 3 227
2017 4 126 3 121
2018 4 249 3 258
2019 4 601 3 469
2020 4 678 3 742
  • Sources : Insee, statistiques de l’état civil

Figure 2Evolution du nombre de naissances et de décès depuis 1994

  • Sources : Insee, statistiques de l’état civil

Avec la crise sanitaire, le nombre de mariages recule

La crise sanitaire a impacté le nombre de mariages enregistrés en Guadeloupe. En 2020, il recule de 24 %, dans les mêmes proportions qu’en Martinique (- 25 %). Cette baisse est beaucoup moins marquée qu’en Guyane (- 39 %) ou qu’en France métropolitaine (- 31 %). Les mesures strictes prises pendant les mois de confinement, suivies des restrictions, notamment la limitation du nombre d’invités, les couvre-feux périodiques appliqués au gré du nombre des contaminations, ont eu des répercussions sur les célébrations de mariages (annulations et reports).

Encadré - En 2021, forte hausse des décès et recul des naissances

Selon les premières données disponibles, au premier semestre 2021, le nombre de décès augmente légèrement, + 65, par rapport à la même période 2020, soit + 3,8 % (Figure 3). La Guadeloupe n’a pas été touchée de plein fouet par la troisième vague de l’épidémie. La situation se dégrade à l’arrivée de la quatrième vague et le nombre de décès explose au début du deuxième semestre avec une forte concentration sur le mois d’août, près de 680 décès de plus par rapport à août 2020. Sur les neuf premiers mois de 2020 et de 2021, la hausse est de 33 %, entre les deux périodes.

Selon les premières estimations, les naissances sont en net recul sur les premiers mois de l’année 2021. Ce repli observé dès le mois de décembre 2020, 9 mois après le début de la crise sanitaire, se poursuit jusqu’au mois de mai. Il pourrait s’expliquer par un report des projets de procréation des couples. Le nombre de naissances ne repart à la hausse qu’au mois de juin 2021 mais peine à retrouver les niveaux de 2020. Sur un an, entre janvier et octobre 2021 et la même période 2020, le recul est estimé à 10,3 %. La Guadeloupe enregistre la plus forte baisse de naissances des Départements Français d’Amérique sur les dix premiers mois de 2021.

Figure 3Nombre de décès quotidiens cumulés

  • Le tableau associé à cette figure est disponible dans le fichier DONNÉES
  • Source : Insee à partir des données d'état civil
Publication rédigée par :Marcelle Jeanne-Rose (Insee)

Définitions

Le solde migratoire est la différence entre le nombre de personnes qui sont entrées sur le territoire et le nombre de personnes qui en sont sorties au cours d’une période.

Le solde naturel est la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès enregistrés au cours d’une période.

L’indicateur conjoncturel de fécondité est la somme des taux de fécondité par âge observés une année donnée. Cet indicateur donne le nombre moyen d’enfants qu'aurait une femme tout au long de sa vie si les taux de fécondité observés à chaque âge l'année considérée demeuraient inchangés.

Le taux de natalité est le rapport du nombre de naissances vivantes de l’année à la population totale moyenne de l’année.

Le taux de mortalité (brut) est le rapport du nombre de décès de l’année à la population totale moyenne de l’année.

L’espérance de vie à la naissance représente la durée de vie moyenne d’une génération fictive soumise aux conditions de mortalité de l’année. Elle caractérise la mortalité indépendamment de la structure par âge.

Pour en savoir plus

Chanteur B., Reif X., « Recensement de la population en Guadeloupe : 387 629 habitants au 1er janvier 2018 », Insee Flash Guadeloupe n° 142, décembre 2020

Jeanne-Rose M., « Bilan démographique 2019 : De moins en moins de jeunes », Insee Flash Guadeloupe n°144, janvier 2021

Demougeot L., Besson L., Thibault P., « Les natifs des Antilles, de Guyane et de Mayotte quittent souvent leur région natale, contrairement aux Réunionnais », Insee Première n°1853, avril 2021