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Insee Conjoncture Nouvelle-Aquitaine · Janvier 2022 · n° 30
Insee Conjoncture Nouvelle-AquitaineL’activité économique néo-aquitaine dépasse son niveau de 2019 durant toute la saison estivale Note de conjoncture régionale - 3ᵉ trimestre 2021

Odile Pinol, Gwenaël Delamarre, Laurent Zambon (Insee)

Au troisième trimestre 2021, l'activité néo-aquitaine est supérieure à celle de l’été 2019. L’élargissement de la couverture vaccinale aide à contenir la quatrième vague épidémique et limite les contraintes sur l’économie. La réouverture des établissements administrativement fermés et la forte fréquentation touristique dans la région durant l’été entraînent une progression du montant des dépenses par carte bancaire. L’emploi salarié poursuit sa hausse, à un rythme cependant moins soutenu que les deux trimestres précédents, et le chômage reste stable. En dépit de l’embellie économique, les différents secteurs d’activité sont soumis à des tensions qui peuvent affecter la production et l’emploi : problèmes d’approvisionnement, hausse du coût des matières premières et difficultés de recrutement.

Insee Conjoncture Nouvelle-Aquitaine
No 30
Paru le :Paru le11/01/2022
Publication rédigée par :Odile Pinol, Gwenaël Delamarre, Laurent Zambon (Insee)

Au troisième trimestre, l’activité économique et la consommation régionales sont robustes

Au troisième trimestre 2021, l’activité économique en Nouvelle-Aquitaine est supérieure de 1,3 % à son niveau de la même période en 2019 (figure 1). Cette évolution, mesurée par le volume d’heures rémunérées, est permise par la levée des restrictions dans les secteurs administrativement fermés ou contraints, une situation inédite depuis le début de la crise. Ainsi, après avoir dépassé son niveau d’avant-crise pour la première fois en juin, l’activité régionale continue de progresser sur les quatre mois suivants. Au niveau national, les heures rémunérées restent en recul de 0,2 % par rapport à leur volume du troisième trimestre 2019, si bien que l’activité néo-aquitaine se classe en troisième position des régions métropolitaines les plus dynamiques (derrière la Bretagne et les Pays de la Loire).

Figure 1Évolution sectorielle mensuelle des heures rémunérées par rapport au même mois de 2019 - Nouvelle-Aquitaine

en %
Évolution sectorielle mensuelle des heures rémunérées par rapport au même mois de 2019 - Nouvelle-Aquitaine (en %)
Industrie Construction Hébergement et restauration Autres services principalement marchands Services principalement non marchands Ensemble - Nouvelle-Aquitaine Ensemble - France hors Mayotte
janv. 2020 0,3 3,9 4,2 2,3 1,5 2,1 1,9
févr. 2020 0,2 3,3 4,2 2,4 1,5 2,0 1,8
mars 2020 -10,3 -31,4 -36,2 -11,5 -6,3 -13,9 -13,3
avr. 2020 -27,0 -53,0 -81,8 -30,7 -17,1 -33,3 -33,2
mai 2020 -19,7 -17,4 -73,1 -17,7 -9,7 -20,5 -22,4
juin 2020 -10,2 -2,4 -33,6 -6,3 -2,6 -8,0 -10,3
juil. 2020 -7,9 -1,8 -16,4 -4,2 -1,6 -5,3 -6,8
août 2020 -5,4 1,3 -11,9 -2,4 -0,7 -3,3 -4,5
sept. 2020 -5,8 -1,8 -12,3 -2,0 -0,4 -3,2 -4,4
oct. 2020 -5,5 -2,1 -14,5 -1,8 0,3 -3,0 -4,8
nov. 2020 -5,4 0,4 -59,2 -7,8 -0,4 -8,3 -9,8
déc. 2020 -4,3 -1,9 -59,4 -2,2 1,5 -5,1 -6,7
janv. 2021 -5,5 7,2 -46,2 -0,5 2,5 -2,7 -5,2
févr. 2021 -4,4 3,0 -55,3 -0,8 3,9 -3,4 -5,4
mars 2021 -4,0 5,2 -55,7 -0,3 4,5 -2,8 -5,1
avr. 2021 -5,2 2,9 -60,4 -3,9 2,5 -6,0 -7,8
mai 2021 -5,6 2,5 -41,3 -1,9 2,7 -4,0 -5,7
juin 2021 -2,2 6,1 -8,8 2,3 4,8 1,4 -0,5
juil. 2021 -4,5 1,7 1,3 1,8 3,5 0,7 -0,8
août 2021 -3,1 0,4 -0,2 2,2 4,1 1,1 -0,2
sept. 2021 -2,7 4,1 0,2 3,1 4,2 2,0 0,5
oct. 2021 -3,0 2,7 2,3 2,9 2,9 1,6 -0,1
  • Note : ensemble des heures rémunérées des salariés y compris les heures supplémentaires ainsi que les absences pour lesquelles le salarié est rémunéré.
  • Source : DSN - traitement provisoire, Insee.

Figure 1Évolution sectorielle mensuelle des heures rémunérées par rapport au même mois de 2019 - Nouvelle-Aquitaine

  • Note : ensemble des heures rémunérées des salariés y compris les heures supplémentaires ainsi que les absences pour lesquelles le salarié est rémunéré.
  • Source : DSN - traitement provisoire, Insee.

En Nouvelle-Aquitaine, le montant total des transactions par carte bancaire au troisième trimestre est supérieur de 13,6 % à son niveau de la même période avant-crise, soit quatre points de plus qu’au niveau national (figure 2). La consommation est excédentaire par rapport à 2019 depuis le mois de mai, grâce à la levée des restrictions suite au troisième confinement, et cette progression se poursuit au cours de la période estivale. En effet, les dépenses touristiques réglées par carte bancaire sont particulièrement dynamiques dans le secteur de l’hébergement, sur le territoire national, durant les mois de juillet et août (+ 23 % par rapport à l’été 2019). Cette évolution est également accentuée par le plus fort recours aux paiements par carte bancaire depuis le début de la crise et par le relèvement du plafond de paiement sans contact.

Figure 2Évolution hebdomadaire des montants des transactions par carte bancaire CB par rapport à la même semaine de 2019

en %
Évolution hebdomadaire des montants des transactions par carte bancaire CB par rapport à la même semaine de 2019 (en %)
année semaine premier jour de la semaine Nouvelle-Aquitaine France entière
2020 2 06/01/2020 4,4 3,3
2020 3 13/01/2020 5,8 4,1
2020 4 20/01/2020 7,8 6,9
2020 5 27/01/2020 6,2 4,5
2020 6 03/02/2020 4,7 2,8
2020 7 10/02/2020 5,5 2,3
2020 8 17/02/2020 8,6 4,0
2020 9 24/02/2020 -0,3 0,0
2020 10 02/03/2020 2,2 4,1
2020 11 09/03/2020 11,5 8,3
2020 12 16/03/2020 -36,9 -40,5
2020 13 23/03/2020 -54,9 -57,9
2020 14 30/03/2020 -52,2 -54,4
2020 15 06/04/2020 -45,0 -46,6
2020 16 13/04/2020 -45,8 -48,4
2020 17 20/04/2020 -42,9 -41,5
2020 18 27/04/2020 -45,0 -44,9
2020 19 04/05/2020 -32,4 -34,4
2020 20 11/05/2020 7,5 3,9
2020 21 18/05/2020 4,7 -1,2
2020 22 25/05/2020 3,7 2,9
2020 23 01/06/2020 5,5 2,5
2020 24 08/06/2020 8,8 4,3
2020 25 15/06/2020 11,5 7,2
2020 26 22/06/2020 0,3 -4,2
2020 27 29/06/2020 2,7 -1,5
2020 28 06/07/2020 9,8 6,0
2020 29 13/07/2020 11,6 8,7
2020 30 20/07/2020 14,4 12,1
2020 31 27/07/2020 8,0 5,8
2020 32 03/08/2020 14,4 15,5
2020 33 10/08/2020 13,4 12,4
2020 34 17/08/2020 15,4 11,0
2020 35 24/08/2020 11,0 4,9
2020 36 31/08/2020 8,7 6,0
2020 37 07/09/2020 8,2 5,4
2020 38 14/09/2020 7,8 4,6
2020 39 21/09/2020 4,0 0,8
2020 40 28/09/2020 4,0 0,9
2020 41 05/10/2020 4,4 2,4
2020 42 12/10/2020 10,9 7,3
2020 43 19/10/2020 5,6 2,2
2020 44 26/10/2020 -0,6 -2,4
2020 45 02/11/2020 -31,2 -33,5
2020 46 09/11/2020 -26,7 -29,7
2020 47 16/11/2020 -24,8 -28,4
2020 48 23/11/2020 -23,4 -27,0
2020 49 30/11/2020 8,0 4,7
2020 50 07/12/2020 2,1 -1,7
2020 51 14/12/2020 -4,0 -7,7
2020 52 21/12/2020 -0,7 -1,7
2020 53 28/12/2020 -0,6 -3,3
2021 1 04/01/2021 -0,5 -5,5
2021 2 11/01/2021 1,3 -6,3
2021 3 18/01/2021 8,8 4,4
2021 4 25/01/2021 9,5 3,0
2021 5 01/02/2021 -2,6 -7,2
2021 6 08/02/2021 -0,6 -6,3
2021 7 15/02/2021 5,0 -4,3
2021 8 22/02/2021 1,3 -6,6
2021 9 01/03/2021 7,1 0,1
2021 10 08/03/2021 6,2 -1,9
2021 11 15/03/2021 13,1 1,9
2021 12 22/03/2021 -8,3 -21,6
2021 13 29/03/2021 26,1 4,6
2021 14 05/04/2021 -18,2 -24,5
2021 15 12/04/2021 -7,2 -15,5
2021 16 19/04/2021 -9,2 -13,0
2021 17 26/04/2021 -21,3 -22,8
2021 18 03/05/2021 -2,3 -7,7
2021 19 10/05/2021 -3,0 -10,2
2021 20 17/05/2021 19,5 11,5
2021 21 24/05/2021 13,3 12,0
2021 22 31/05/2021 11,8 9,4
2021 23 07/06/2021 22,4 17,4
2021 24 14/06/2021 18,2 14,5
2021 25 21/06/2021 0,8 -2,8
2021 26 28/06/2021 9,8 6,3
2021 27 05/07/2021 15,0 13,0
2021 28 12/07/2021 12,0 7,5
2021 29 19/07/2021 18,7 15,1
2021 30 26/07/2021 10,1 6,4
2021 31 02/08/2021 16,3 15,6
2021 32 09/08/2021 16,4 15,3
2021 33 16/08/2021 17,4 10,2
2021 34 23/08/2021 14,1 5,3
2021 35 30/08/2021 13,6 9,6
2021 36 06/09/2021 12,8 10,1
2021 37 13/09/2021 14,9 10,2
2021 38 20/09/2021 10,0 5,1
2021 39 27/09/2021 9,7 5,2
2021 40 04/10/2021 16,1 13,0
2021 41 11/10/2021 17,6 14,6
2021 42 18/10/2021 6,4 7,3
2021 43 25/10/2021 17,3 11,9
2021 44 01/11/2021 9,8 4,2
2021 45 08/11/2021 18,3 12,1
2021 46 15/11/2021 11,4 7,2
2021 47 22/11/2021 2,0 -2,4
2021 48 29/11/2021 3,5 2,4
  • Sources : Cartes bancaires CB, Calculs Insee.

Figure 2Évolution hebdomadaire des montants des transactions par carte bancaire CB par rapport à la même semaine de 2019

  • Note : transactions par carte bancaire CB en face-à-face qui n'incluent pas la vente à distance (internet). Les traits pointillés permettent d'identifier les périodes pendant lesquelles les commerces « non-essentiels » étaient fermés sur l'ensemble du territoire métropolitain. Le trait vertical plein indique la dernière semaine de 2020.
  • Champ : France.
  • Sources : Cartes bancaires CB, Calculs Insee.

À partir du 21 juillet, la présentation du passe sanitaire devient obligatoire dans les lieux ou évènements culturels et de loisirs rassemblant plus de 50 personnes. En Nouvelle-Aquitaine, comme en France, cette mesure se traduit par un léger fléchissement des dépenses par carte bancaire, la semaine suivant sa mise en œuvre. Elles repartent néanmoins à la hausse ensuite.

À compter du 9 août, le passe sanitaire est exigé quel que soit le nombre de personnes accueillies et il devient obligatoire dans les restaurants, cafés et terrasses, dans les transports en commun interrégionaux sur longue distance et dans les grands centres commerciaux. Cette nouvelle mesure pèse principalement sur la consommation dans les restaurants, mais la baisse des dépenses par carte bancaire par rapport à 2019 est cependant bien moindre que celles observées lors du troisième confinement ou lorsque seules les terrasses étaient autorisées à accueillir des clients (19 mai au 8 juin). Ainsi, au troisième trimestre, août est le mois où les transactions par carte bancaire sont les moins dynamiques, tant au niveau régional que national.

L’attractivité touristique de la région durant l’été stimule le dynamisme économique

Au troisième trimestre 2021, les activités touristiques retrouvent leur niveau d’avant-crise en Nouvelle-Aquitaine (+ 0,4 % de travail rémunéré en comparaison de l’été 2019). Grâce à ce redressement, la contribution du secteur à l’activité régionale cesse de peser négativement, comme elle le faisait depuis le début de la crise (figure 3).

Figure 3Contributions sectorielles mensuelles à l'évolution des heures rémunérées par rapport au même mois de 2019 - Nouvelle-Aquitaine

en points
Contributions sectorielles mensuelles à l'évolution des heures rémunérées par rapport au même mois de 2019 - Nouvelle-Aquitaine (en points)
Industrie Construction Hébergement et restauration Autres services principalement marchands Services principalement non marchands
janv. 2020 0,1 0,4 0,2 1,2 0,2
févr. 2020 0,0 0,3 0,2 1,2 0,2
mars 2020 -2,1 -3,2 -1,9 -5,9 -0,8
avr. 2020 -5,5 -5,1 -4,8 -15,7 -2,2
mai 2020 -4,0 -1,7 -4,5 -9,0 -1,2
juin 2020 -2,0 -0,2 -2,2 -3,2 -0,3
juil. 2020 -1,6 -0,2 -1,2 -2,1 -0,2
août 2020 -1,1 0,1 -1,0 -1,3 -0,1
sept. 2020 -1,2 -0,2 -0,8 -1,0 0,0
oct. 2020 -1,1 -0,2 -0,8 -0,9 0,0
nov. 2020 -1,1 0,0 -3,1 -4,0 -0,1
déc. 2020 -0,9 -0,2 -3,1 -1,1 0,2
janv. 2021 -1,1 0,7 -2,3 -0,2 0,3
févr. 2021 -0,9 0,3 -2,9 -0,4 0,5
mars 2021 -0,8 0,5 -3,0 -0,2 0,6
avr. 2021 -1,1 0,3 -3,6 -2,0 0,3
mai 2021 -1,1 0,3 -2,6 -1,0 0,3
juin 2021 -0,4 0,6 -0,6 1,2 0,6
juil. 2021 -0,9 0,2 0,1 0,9 0,4
août 2021 -0,6 0,0 0,0 1,1 0,5
sept. 2021 -0,5 0,4 0,0 1,6 0,5
oct. 2021 -0,6 0,3 0,1 1,5 0,4
  • Note : ensemble des heures rémunérées des salariés y compris les heures supplémentaires ainsi que les absences pour lesquelles le salarié est rémunéré.
  • Source : DSN - traitement provisoire, Insee.

Figure 3Contributions sectorielles mensuelles à l'évolution des heures rémunérées par rapport au même mois de 2019 - Nouvelle-Aquitaine

  • Note : ensemble des heures rémunérées des salariés y compris les heures supplémentaires ainsi que les absences pour lesquelles le salarié est rémunéré.
  • Source : DSN - traitement provisoire, Insee.

Avec 32,3 millions de nuitées enregistrées dans les campings, les hôtels et les autres hébergements collectifs de tourisme, la région est la première destination française, devançant de peu l’Occitanie (31,6 millions) et largement l’Île-de-France (12,9 millions), toujours pénalisée par l’absence des visiteurs de l’étranger.

La fréquentation touristique régionale ne s’établit qu’à 0,7 % en deçà de son niveau de l’été 2019, grâce à la clientèle résidant en France. Cette dernière représente ainsi 83 % des nuitées enregistrées dans les différents établissements de la région, soit un excédent de 1,9 million de nuitées, qui compense la baisse de 2,1 millions de nuitées des clients provenant de l’étranger. Les Britanniques (dont les conditions de circulation sont pénalisées par une quarantaine) et les Espagnols manquent notamment à l’appel, alors que les Allemands, les Belges, les Hollandais et les Suisses sont de retour.

La Nouvelle-Aquitaine est la région qui accueille le plus de touristes en camping cet été, avec 21 millions de nuitées entre juillet et septembre, retrouvant son niveau de 2019. L’hôtellerie de plein-air est particulièrement plébiscitée sur le littoral, notamment en Charente-Maritime, où les campings enregistrent 100 000 nuitées de plus qu’en 2019. Dans une moindre mesure, les établissements des Landes, de Corrèze, de Creuse et des Pyrénées-Atlantiques connaissent aussi des hausses de fréquentation. En revanche, dans les hôtels et les résidences de tourisme, l’afflux des résidents ne suffit pas à compenser l’absence des touristes étrangers.

La bonne tenue de la saison estivale repose essentiellement sur la fréquentation du mois de juillet, en hausse de 0,7 % par rapport à 2019 dans l’ensemble des hébergements collectifs de tourisme, alors que le mois d’août enregistre une baisse de 2,2 %. Dans la restauration, la tendance est la même, sans doute accentuée par l’entrée en vigueur du passe sanitaire : le chiffre d’affaires des établissements néo-aquitains est supérieur de 8,8 % en juillet, mais en retrait de 2,5 % en août puis de 4,5 % en septembre par rapport aux mêmes mois de 2019.

Hausse de l’emploi et stabilité du chômage

L’emploi salarié néo-aquitain ralentit au troisième trimestre (+ 0,3 %) après sa forte progression depuis le début de l’année 2021 (+ 0,9 % puis + 1,3 % aux trimestres précédents). L’évolution de l’emploi s’amenuise également au niveau national : + 0,4 % après + 0,6 % et + 1,2 %. Malgré ce fléchissement, le nombre de salariés dans la région dépasse désormais de 1,9 % son volume du quatrième trimestre 2019 (+ 1 % au niveau national).

Dans ce contexte de recrudescence globale de l’emploi, de nombreuses entreprises signalent être confrontées à des difficultés de recrutement selon les enquêtes de conjoncture nationale de juillet : environ 15 % des entreprises de l’industrie et des services et 40 % de celles du bâtiment seraient concernées.

En Nouvelle-Aquitaine, le nombre d’offres d’emploi collectées continue en effet d’augmenter (+ 8 % par rapport au trimestre précédent) atteignant ainsi un volume supérieur de 16,2 % à celui du troisième trimestre 2019. Les déclarations d’embauche sur des contrats de plus d’un mois (CDD et CDI) sont également excédentaires : + 20 % par rapport à leur niveau d’avant-crise.

De plus, le taux d’activité des jeunes de 18 à 25 ans est en forte hausse au niveau national, du fait notamment de l’accroissement du recours à l’apprentissage qui permet aux entreprises de bénéficier d’aides à l’embauche. Ainsi, dans la région, 49 000 contrats d’apprentissage ont commencé entre début janvier 2021 et fin septembre 2021, soit une augmentation de 42 % par rapport à la même période de 2020.

Cette progression de l’alternance qui s’inscrit dans une évolution de l’emploi à la hausse, contribue à l’augmentation inédite de la population active française ce trimestre (+ 325 000 actifs). Parallèlement, le taux de chômage augmente légèrement au niveau régional comme au niveau national (+ 0,1 point) et s’établit respectivement à 7,3 % et 8,1 %. La hausse de la population active contribue principalement au recul du nombre de personnes comptabilisées dans le halo du chômage, c’est-à-dire celles sans emploi qui souhaitent travailler mais qui ne sont pas disponibles ou qui n’ont pas recherché un emploi. Le sous-emploi baisse également, car le dynamisme général de l’économie au troisième trimestre diminue le recours à l’activité partielle.

Par ailleurs, le nombre de demandeurs d’emploi en Nouvelle-Aquitaine (catégories ABC) diminue encore au troisième trimestre : – 1,9 %, tout comme au niveau national. La baisse est particulièrement marquée pour la catégorie des moins de 25 ans (– 5,6 % par rapport au trimestre précédent et – 3,2 % par rapport à l’avant-crise).

La construction ralentit

En Nouvelle-Aquitaine, après un début d’année 2021 très dynamique, l’emploi dans la construction (hors intérim) ralentit au troisième trimestre (+ 0,2 %), mais le nombre total de salariés néo-aquitains du secteur atteint désormais un niveau supérieur de 6 % à l’avant-crise (figure 4). Le volume de travail rémunéré dépasse de 2 % celui du troisième trimestre 2019, un excédent moins marqué qu’à la période précédente (+ 3,9 %). De nombreuses entreprises du secteur ont stoppé leur activité lors de congés estivaux, alors qu’en 2020 cette période avait été marquée par un effet de rattrapage sur les chantiers suite au déconfinement.

Figure 4Évolution de l'emploi salarié par secteur - Nouvelle-Aquitaine

indice base 100 au 4ᵉ trimestre 2010
Évolution de l'emploi salarié par secteur - Nouvelle-Aquitaine (indice base 100 au 4ᵉ trimestre 2010)
Construction Industrie Tertiaire marchand hors intérim Tertiaire non marchand
4ᵉ trim. 2010 100,0 100,0 100,0 100,0
1ᵉ trim. 2011 99,9 99,9 100,3 100,2
2ᵉ trim. 2011 99,6 100,1 100,6 100,3
3ᵉ trim. 2011 99,3 100,0 100,8 100,1
4ᵉ trim. 2011 99,1 99,8 100,6 100,4
1ᵉ trim. 2012 99,0 99,7 100,9 100,4
2ᵉ trim. 2012 98,5 99,3 100,8 100,7
3ᵉ trim. 2012 98,4 99,3 100,7 101,0
4ᵉ trim. 2012 98,2 99,4 100,7 101,5
1ᵉ trim. 2013 97,5 99,1 100,8 101,5
2ᵉ trim. 2013 96,8 98,8 100,3 101,9
3ᵉ trim. 2013 96,6 98,6 100,6 102,4
4ᵉ trim. 2013 96,1 98,6 100,8 103,0
1ᵉ trim. 2014 95,8 98,3 100,8 103,1
2ᵉ trim. 2014 95,2 98,1 101,0 103,4
3ᵉ trim. 2014 94,1 98,0 100,8 103,5
4ᵉ trim. 2014 92,9 97,7 101,0 103,6
1ᵉ trim. 2015 91,8 97,6 101,1 103,5
2ᵉ trim. 2015 91,2 97,3 101,2 103,7
3ᵉ trim. 2015 90,6 97,1 101,6 103,6
4ᵉ trim. 2015 90,5 97,1 101,7 103,8
1ᵉ trim. 2016 90,2 96,9 102,1 104,0
2ᵉ trim. 2016 90,2 96,7 102,5 104,1
3ᵉ trim. 2016 90,3 96,6 102,9 104,5
4ᵉ trim. 2016 90,2 96,4 103,0 104,5
1ᵉ trim. 2017 90,5 96,2 103,8 104,6
2ᵉ trim. 2017 90,8 96,3 104,2 104,6
3ᵉ trim. 2017 90,9 96,4 104,9 104,4
4ᵉ trim. 2017 91,5 96,9 105,3 104,3
1ᵉ trim. 2018 92,4 96,9 105,8 104,3
2ᵉ trim. 2018 92,6 97,3 106,2 103,9
3ᵉ trim. 2018 92,8 97,6 106,6 103,7
4ᵉ trim. 2018 93,4 98,0 107,0 104,0
1ᵉ trim. 2019 94,7 98,3 107,9 104,1
2ᵉ trim. 2019 95,1 98,6 108,0 104,0
3ᵉ trim. 2019 95,1 98,5 108,4 103,9
4ᵉ trim. 2019 95,5 98,6 108,9 103,8
1ᵉ trim. 2020 96,1 98,4 107,8 103,8
2ᵉ trim. 2020 96,2 97,7 105,5 102,9
3ᵉ trim. 2020 96,9 97,6 107,4 104,5
4ᵉ trim. 2020 97,7 97,1 107,0 104,6
1ᵉ trim. 2021 100,2 97,4 107,8 105,5
2ᵉ trim. 2021 101,0 97,5 110,3 106,0
3ᵉ trim. 2021 101,2 97,8 111,2 105,9
  • Notes : données CVS, en fin de trimestre. Les données du dernier trimestre affiché sont provisoires.
  • Champ : emploi salarié total.
  • Sources : Insee, estimations d'emploi ; estimations trimestrielles Acoss-Urssaf, Dares, Insee.

Figure 4Évolution de l'emploi salarié par secteur - Nouvelle-Aquitaine

  • Notes : données CVS, en fin de trimestre. Les données du dernier trimestre affiché sont provisoires.
  • Champ : emploi salarié total.
  • Sources : Insee, estimations d'emploi ; estimations trimestrielles Acoss-Urssaf, Dares, Insee.

D’après les enquêtes de conjoncture nationale, la reprise intensive de l’activité dans le bâtiment depuis la sortie du confinement accroît considérablement les tensions en matière de recrutements, ce qui tend à limiter la production dans une période où les carnets de commande atteignent un pic historique. Ainsi, en Nouvelle-Aquitaine, le nombre de permis de construire accordés au troisième trimestre est en hausse par rapport à la période précédente alors que les mises en chantier reculent. Le volume des logements en cours de construction dans la région rattrape toutefois son niveau d’avant-crise. L’habitat individuel contribue fortement au dynamisme du secteur, aussi bien dans le nombre de logements commencés, que dans les projets déposés, mais également dans la rénovation de l’existant. Dans le cadre du Plan de relance économique, des dispositifs d’aide permettent en effet de soutenir le financement de la rénovation énergétique des logements individuels tout comme celle des bâtiments publics.

Par ailleurs, la construction est un des secteurs pénalisés par des difficultés d’approvisionnement en matières premières, celles-ci se traduisant souvent par un allongement des délais de livraison des projets immobiliers.

Des difficultés persistantes dans l’industrie

Le volume de travail rémunéré dans l’industrie néo-aquitaine reste inférieur à son niveau d’avant-crise : – 3,4 % par rapport au troisième trimestre 2019, un recul identique à celui du niveau national. L’activité industrielle est confrontée aux différentes tensions conjoncturelles qui pèsent sur la production mondiale. Les problèmes d’approvisionnement sont particulièrement marqués dans la fabrication de matériels de transport. En Nouvelle-Aquitaine, le volume de travail rémunéré de cette branche est en retrait de 10,8 % relativement à la même période de 2019, avec un déficit encore plus accentué dans l’industrie automobile (– 17,9 %), confrontée à des pénuries de composants électroniques qui perturbent les chaînes d’assemblage. Par ailleurs, la hausse du prix des matières premières risque d’affecter prochainement l’activité des entreprises ou les achats des consommateurs, car elle n’est, pour le moment, que partiellement répercutée sur les prix de vente. Dans la fabrication de denrées alimentaires et de boissons, ces contraintes sur les prix sont cruciales. Le volume de travail rémunéré de cette branche, dans la région, est inférieur de 1,6 % ce trimestre par rapport au même trimestre de 2019. Quant à la fabrication d’équipements électriques, électroniques, informatiques et autres machines, malgré les difficultés d’approvisionnement et la hausse du coût des matériaux, elle retrouve ce trimestre son volume d’avant-crise en Nouvelle-Aquitaine.

De plus, la production industrielle est soumise aux tensions sur les recrutements. L’emploi salarié du secteur, hors intérim, progresse de 0,2 % au troisième trimestre dans la région, restant en retrait de 0,8 % par rapport à son niveau d’avant-crise. Dans un contexte de dynamisme de la demande, l’industrie peine à renforcer ses effectifs, y compris sur le plan de la main-d’œuvre temporaire qui permet habituellement au secteur de répondre à des hausses saisonnières d’activité.

Le tertiaire marchand tire profit des réouvertures administratives

Pour la première fois depuis le début de la crise, le volume trimestriel de travail rémunéré dans le tertiaire marchand dépasse son niveau de la même période de 2019 : + 2,1 % en Nouvelle-Aquitaine et + 0,1 % en France. Dans la région, cette tendance excédentaire qui s’est affirmée dès le mois de juin, perdure pendant toute la saison estivale, notamment grâce à la levée des restrictions pesant sur les établissements de services. Ce surcroît d’activité se répercute sur l’emploi salarié du secteur (hors intérim) qui augmente de 0,8 % dans la région. En effet, dans les services marchands, les besoins en main-d’œuvre sont conséquents mais les candidats au recrutement sont en nombre insuffisant, notamment pour les branches du transport et de l’hébergement-restauration soumises à une affluence estivale.

Dans la région, le volume de travail rémunéré est en forte augmentation dans l’information-communication (notamment pour ce qui concerne la programmation et le conseil informatique), les activités spécialisées, scientifiques et techniques ainsi que les activités immobilières. De même, l’emploi salarié progresse dans ces secteurs dynamiques et dans ceux bénéficiant de la levée des restrictions. Ainsi, pour l’information-communication, les effectifs sont supérieurs de 8 % à leur niveau d’avant-crise et de 2,5 % dans l’hébergement-restauration. À l’inverse, le travail rémunéré de la branche transport et entreposage reste inférieur de 1,9 % à son volume du troisième trimestre 2019 et l’emploi est déficitaire de 0,7 % par rapport à l’avant-crise.

Tertiaire non marchand : stabilité de l’emploi et activité toujours en hausse

En Nouvelle-Aquitaine, l’emploi dans le tertiaire non marchand reste stable ce trimestre, tandis que l’activité du secteur progresse encore plus fortement qu’aux trimestres précédents : le volume d’heures rémunérées est en hausse de 3,9 % par rapport à la même période de 2019, tout comme au niveau national. Les activités d’enseignement contribuent pleinement à cet excédent (+ 8,4 %), d’une part, grâce aux recrutements de contractuels et de vacataires, coutumiers à cette période, et, d’autre part, en raison d’un recours inédit aux cours particuliers suite à une année scolaire chahutée par l’épidémie. Quant aux activités pour la santé humaine, avec l’instauration du passe sanitaire et l’élargissement de la couverture vaccinale, leur volume d’heures rémunérées est supérieur de 2 % à celui du troisième trimestre 2019.

Nouveau recul des créations d’entreprises ; les défaillances sont toujours contenues

En Nouvelle-Aquitaine, les créations d’entreprises poursuivent leur repli au troisième trimestre (– 2,1 %). Contrairement à la période précédente, ce sont les entreprises classiques qui portent cette baisse (– 11,9 %), alors que le nombre de micro-entreprises créées repart à la hausse (+ 3,2 %), représentant ainsi plus des deux tiers de l’entrepreneuriat régional. Au niveau national, le recul trimestriel du nombre de créations est de 4,4 % et il affecte de façon similaire toutes les catégories d’entreprises. Dans la région, le micro-entrepreneuriat continue de se développer dans la construction et les services, tandis que les créations classiques reculent dans ces deux secteurs. La baisse du nombre d’entreprises créées dans le commerce est importante, quelle que soit la catégorie d’entreprise (– 10,2 % pour les micro-entreprises et – 15,6 % pour les entreprises classiques).

Quant au nombre de défaillances d’entreprises, son niveau reflète avant tout l’efficacité des principaux dispositifs d’aide toujours en cours au troisième trimestre 2021 (activité partielle, fonds de solidarité, prêts garantis par l’État, délais de paiement d’échéances sociales et fiscales). Ainsi, sur les trois premiers trimestres de 2021, en Nouvelle-Aquitaine, le volume cumulé de défaillances est inférieur de moitié à celui de la même période en 2019, tout comme au niveau national. De plus, la comparaison avec l’année 2020, effectuée sur les deuxième et troisième trimestres pour mieux cerner la période de crise, établit que le nombre cumulé de défaillances entre avril et septembre est quasiment identique pour ces deux années. La vigueur de la reprise économique française au troisième trimestre laisse entrevoir un arrêt progressif des mesures de soutien aux entreprises qui pourrait modifier ces tendances.

Avertissement sur le marché du travail

La situation des personnes sur le marché du travail a été fortement affectée depuis le début de la crise sanitaire (en particulier par le recours au chômage partiel et les situations d’arrêt maladie, comptabilisés dans l’emploi). Pour être considéré comme chômeur, il faut être disponible pour travailler et avoir fait des démarches actives de recherche d’emploi.

L’introduction de la déclaration sociale nominative (DSN) peut entraîner des révisions accrues sur les données, durant la phase de montée en charge du dispositif.

Encadré 1 - Contexte international – Reprise mondiale sous contraintes

Au troisième trimestre 2021, la reprise économique s’est poursuivie en Europe, sous l’effet notamment d’une demande intérieure dynamique, sauf en Espagne. Les difficultés de production et les tensions inflationnistes se font cependant sentir de plus en plus. Aux États-Unis, ces contraintes déjà vives et la diminution de l’effet des aides aux ménages ont pesé sur la consommation, provoquant un ralentissement de l’activité. En Chine, des pénuries d’électricité ainsi que l’apparition de foyers épidémiques ont conduit à des fermetures de moyens de production. Fin 2021, la persistance des contraintes d’approvisionnement, auxquelles s’ajoute l’incertitude sanitaire, continuerait d’affecter la croissance mondiale.

Encadré 2 - Contexte national – En France, l’activité a retrouvé son niveau d’avant-crise au troisième trimestre 2021

L’activité a fortement progressé au troisième trimestre (+ 3,0 %), tirée par la réouverture des secteurs auparavant affectés par les restrictions sanitaires (hébergement-restauration, services de transport, services aux ménages…). La consommation des ménages a rebondi (+ 4,9 %) et les échanges extérieurs ont joué positivement sur la croissance, dans un contexte de reprise graduelle du tourisme international. Dans le même temps, les prix de l’énergie continuent de tirer l’inflation à la hausse et les entreprises sont de plus en plus nombreuses à se déclarer contraintes par des difficultés d’approvisionnement. Malgré ce contexte et l’incertitude sanitaire, la reprise se poursuivrait au quatrième trimestre, conduisant à une croissance du PIB de 6,7 % en 2021, après sa chute de 8,0 % en 2020.

Publication rédigée par :Odile Pinol, Gwenaël Delamarre, Laurent Zambon (Insee)

Pour comprendre

Les données utilisées proviennent de Cartes Bancaires CB et couvrent l’essentiel des transactions par carte bancaire, à l’exception des transactions CB en vente à distance (internet). Elles sont issues d’une extraction de transactions anonymisées et agrégées à l’échelle départementale afin de respecter les exigences de confidentialité.

Publication rédigée par :Odile Pinol, Gwenaël Delamarre, Laurent Zambon (Insee)

Pour en savoir plus

Tableaux de bord Conjoncture : Nouvelle-Aquitaine

Notes et Points de conjoncture

Delamarre G. et Zambon L., « La Nouvelle-Aquitaine, première destination touristique en France pour l'été 2021 », Insee Flash Nouvelle-Aquitaine n°70, décembre 2021