Insee
Insee Flash Ile-de-France · Novembre 2022 · n° 72
Insee Flash Ile-de-FranceProjections démographiques en Île-de-France à horizon 2070 : vieillissante, la région resterait la plus jeune de France métropolitaine

Groupe de travail « Projections démographiques », Comité régional pour l’information économique et sociale d’Île-de-France

En 2070, si les tendances démographiques actuelles se prolongeaient, la population de l’Île-de-France s’élèverait à 12,53 millions. Elle atteindrait un pic au cours de la décennie 2040-2049, à environ 12,75 millions. Le solde naturel (excédent des naissances sur les décès) serait positif tout au long de la période allant jusqu’en 2070. Il resterait le seul moteur de la croissance démographique et singulariserait l’Île-de-France par rapport aux autres régions de France métropolitaine. Toutefois, il tendrait à se réduire du fait du vieillissement de la population. L’Île-de-France et plus précisément certains départements comme la Seine-Saint-Denis et le Val-d’Oise resteraient des territoires jeunes en comparaison du reste de la France métropolitaine.

Insee Flash Ile-de-France
No 72
Paru le :Paru le24/11/2022

Selon le scénario régional tendanciel, l’Île-de-France compterait 12,53 millions d’habitants en 2070

En 2018, 12,21 millions d’habitants vivaient en Île-de-France. Si les tendances démographiques récentes se prolongeaient (encadré), la population de la région s’élèverait à 12,53 millions en 2070, soit une hausse de 300 000 habitants environ (figure 1). Cette projection repose sur la mise en œuvre d’hypothèses spécifiques à la région, et correspond à un scénario dit régional tendanciel. D’autres scénarios permettent d’estimer la population francilienne à horizon 2070, en considérant par exemple des hypothèses nationales, ou des hypothèses régionales plus ou moins propices à une hausse démographique (pour comprendre).

Selon le scénario régional tendanciel, avec un égal à 0,05 % d’ici 2070, la population de l’Île-de-France connaîtrait une évolution proche de celle de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, intermédiaire en comparaison des autres régions françaises. En effet, les régions du nord et de l’est verraient leur population baisser tandis que la plupart des régions du sud et de l’ouest connaîtraient une très légère augmentation, avoisinant 0,1 % en moyenne chaque année. La situation médiane de l’Île-de-France se vérifie également si l’on considère le scénario central établi à partir des hypothèses nationales.

Figure 1Évolution de la population francilienne selon différents scénarios

indice base 100 en 2013
Évolution de la population francilienne selon différents scénarios (indice base 100 en 2013) - Lecture : le nombre d’habitants en Île-de-France augmenterait de 4,8 % entre 2013 et 2070 sous les hypothèses du scénario régional tendanciel.
Années Scénario régional tendanciel Scénario régional bas Scénario régional haut Scénario central - Hypothèses nationales Scénario bas - Hypothèses nationales Scénario haut – Hypothèses nationales Évolution moyenne de la population entre 2013 et 2018
2013 100,0
2014 100,6
2015 101,0
2016 101,3
2017 101,8
2018 102,1 102,1 102,1 101,8 101,8 101,8 102,1
2019 102,5 102,5 102,5 102,0 102,0 102,0
2020 102,8 102,8 102,8 102,2 102,3 102,2
2021 103,0 102,9 103,1 102,4 102,5 102,4
2022 103,2 103,1 103,3 102,6 102,5 102,6
2023 103,5 103,3 103,6 102,8 102,6 103,0
2024 103,7 103,4 104,0 103,0 102,7 103,3
2025 104,0 103,6 104,4 103,2 102,8 103,7
2026 104,3 103,7 104,7 103,4 102,8 104,1
2027 104,5 103,8 105,1 103,6 102,8 104,4
2028 104,7 103,8 105,5 103,8 102,8 104,8
2029 105,0 103,9 105,9 103,9 102,7 105,2
2030 105,2 103,9 106,4 104,1 102,6 105,6
2031 105,4 103,9 106,8 104,2 102,5 106,1
2032 105,5 103,7 107,3 104,4 102,3 106,5
2033 105,7 103,6 107,7 104,5 102,2 106,9
2034 105,8 103,5 108,2 104,6 102,0 107,3
2035 106,0 103,3 108,6 104,7 101,8 107,7
2036 106,1 103,2 109,0 104,8 101,6 108,1
2037 106,2 103,0 109,4 104,8 101,3 108,5
2038 106,3 102,8 109,9 104,9 101,1 108,9
2039 106,4 102,6 110,3 104,9 100,8 109,2
2040 106,4 102,4 110,6 105,0 100,5 109,6
2041 106,5 102,1 111,0 105,0 100,2 110,0
2042 106,5 101,9 111,4 105,0 99,9 110,3
2043 106,6 101,6 111,7 105,0 99,6 110,6
2044 106,6 101,3 112,1 105,0 99,3 111,0
2045 106,6 101,0 112,4 105,0 98,9 111,3
2046 106,6 100,7 112,8 105,0 98,6 111,6
2047 106,6 100,4 113,1 104,9 98,2 111,9
2048 106,6 100,1 113,4 104,9 97,8 112,2
2049 106,5 99,8 113,7 104,8 97,5 112,5
2050 106,5 99,4 114,0 104,8 97,1 112,8
2051 106,5 99,1 114,3 104,7 96,7 113,0
2052 106,4 98,7 114,6 104,6 96,3 113,3
2053 106,4 98,4 114,9 104,5 95,9 113,6
2054 106,3 98,0 115,2 104,4 95,5 113,8
2055 106,2 97,6 115,5 104,3 95,0 114,1
2056 106,2 97,2 115,8 104,2 94,6 114,3
2057 106,1 96,8 116,1 104,1 94,1 114,6
2058 106,0 96,4 116,4 104,0 93,7 114,8
2059 105,9 96,0 116,7 103,9 93,2 115,1
2060 105,8 95,5 117,0 103,7 92,7 115,3
2061 105,7 95,1 117,3 103,6 92,2 115,6
2062 105,6 94,7 117,6 103,5 91,7 115,9
2063 105,5 94,2 117,9 103,3 91,2 116,1
2064 105,4 93,8 118,2 103,2 90,7 116,4
2065 105,3 93,3 118,5 103,1 90,2 116,7
2066 105,2 92,9 118,8 103,0 89,7 117,1
2067 105,1 92,4 119,2 102,9 89,2 117,4
2068 105,0 91,9 119,5 102,8 88,8 117,7
2069 104,9 91,5 119,8 102,6 88,3 118,1
2070 104,8 91,0 120,2 102,5 87,8 118,4
  • Lecture : le nombre d’habitants en Île-de-France augmenterait de 4,8 % entre 2013 et 2070 sous les hypothèses du scénario régional tendanciel.
  • Source : Insee, recensements de la population de 2013 à 2018, projections Omphale de 2018 à 2070.

Figure 1Évolution de la population francilienne selon différents scénarios

  • Lecture : le nombre d’habitants en Île-de-France augmenterait de 4,8 % entre 2013 et 2070 sous les hypothèses du scénario régional tendanciel.
  • Source : Insee, recensements de la population de 2013 à 2018, projections Omphale de 2018 à 2070.

Le pic de population serait atteint au cours de la décennie 2040-2049

L’évolution de la population francilienne, relativement modérée, ne serait pas uniforme tout au long de la période. Dans la continuité des tendances récentes, et portée par un toujours positif, la population en Île-de-France continuerait de croître jusqu’au début des années 2040, atteignant alors 12,75 millions d’habitants. La décennie 2040-2049 constituerait une période de transition à l’issue de laquelle la population francilienne commencerait à décroître. En effet, à compter de 2050, les naissances excéderaient de trop peu les décès pour compenser le déficit lié au . En fin de période, le solde naturel équivaudrait à environ 80 % du déficit migratoire.

Le solde naturel resterait le moteur exclusif de la croissance démographique

En 2070, le solde naturel serait deux fois moins élevé que son niveau observé en 2018. Plusieurs facteurs expliqueraient cette tendance. Tout d’abord, le nombre de décès augmenterait tout au long des quatre prochaines décennies, en lien avec l’arrivée à des âges avancés des générations issues du baby-boom. Par ailleurs, sous le double effet d’une baisse du nombre de femmes en âge de procréer d’une part, et d’une fécondité insuffisante pour assurer le renouvellement des générations d’autre part ( est estimé en moyenne à 1,9 enfant par femme en Île-de-France), le nombre de naissances diminuerait, fortement entre 2040 et 2050, très modérément après.

Au sein des régions de France métropolitaine, l’Île-de-France ferait figure d’exception. Il s’agirait en effet de la seule région où le solde naturel resterait constamment positif jusqu’en 2070.

Quel que soit le scénario envisagé, l’Île-de-France continuerait en revanche d’enregistrer, tout au long de cette période, un nombre de départs supérieur à celui des arrivées. Ce solde migratoire négatif masque une situation contrastée : le territoire francilien serait très déficitaire à l’égard du reste du pays ; en revanche, la région accueillerait davantage d’arrivants de l’étranger que de partants. En outre, l’évolution du profil des Franciliens contribuerait à creuser le déficit migratoire. En effet, la population vieillissant, les départs, notamment vers la province, seraient de plus en plus fréquents : aujourd’hui, de nombreux Franciliens quittent la région au moment de la retraite pour s’installer dans les régions du littoral, s’éloigner des centres urbains voire retourner dans leur région d’origine. Ce phénomène pourrait s’amplifier dès lors que le nombre de personnes âgées dans la région augmenterait. À partir de 2045, d’après les hypothèses du scénario régional tendanciel, l’Île-de-France perdrait chaque année 60 000 habitants du fait des migrations, et même 100 000 dans celles avec les autres départements français, le solde migratoire avec l’étranger restant excédentaire.

22 % des Franciliens seraient âgés de 65 ans ou plus en 2070

En 2070, d’après les hypothèses du scénario régional tendanciel, 22 % de la population serait âgée de 65 ans ou plus. Le vieillissement de la population francilienne serait moins rapide qu’au niveau national : la proportion de personnes âgées de 65 ans ou plus serait en hausse de 7 points en Île-de-France par rapport à 2018, contre 10 points de plus pour l’ensemble des autres régions métropolitaines. En 2070, la région se trouverait dans une situation comparable aux actuels départements du Vaucluse, du Tarn-et-Garonne ou de la Loire. L’Île-de-France resterait donc la région la plus jeune de France métropolitaine. En 2070, près de 29 % de la population aurait moins de 25 ans (4 points de plus qu’au niveau national).

En 2018, 4 000 centenaires vivaient en Île-de-France (figure 2). Leur nombre devrait être multiplié par dix d’ici 2070. Comme actuellement, il s’agirait majoritairement de femmes, l’espérance de vie de ces dernières étant plus élevée que celle des hommes (89,9 ans contre 88,3).

Figure 2Pyramide des âges des habitants en Île-de-France en 2018 et en 2070

en nombre d’habitants
Pyramide des âges des habitants en Île-de-France en 2018 et en 2070 (en nombre d’habitants)
Âge Hommes 2018 Femmes 2018 Hommes 2070 Femmes 2070
0 81 200 78 400 76 100 72 400
1 81 200 78 400 74 800 71 100
2 82 300 77 900 73 800 69 900
3 82 000 80 100 72 700 68 800
4 82 500 79 100 72 000 68 000
5 83 000 79 500 71 300 67 600
6 82 200 79 400 70 700 67 100
7 83 700 80 800 70 400 66 900
8 82 500 79 000 70 100 66 800
9 81 900 79 300 70 400 67 200
10 80 600 77 300 70 600 67 400
11 80 700 78 200 71 100 67 700
12 79 800 75 400 71 600 68 200
13 77 500 74 200 72 400 68 800
14 76 500 74 600 73 300 69 700
15 77 000 73 800 74 300 70 400
16 78 900 74 600 74 700 70 500
17 78 900 75 400 74 400 69 700
18 74 400 72 600 74 400 70 400
19 75 000 73 800 73 900 70 200
20 73 300 73 700 73 000 69 800
21 74 800 77 100 73 300 71 200
22 76 000 81 200 74 500 74 000
23 77 500 82 500 77 100 77 300
24 80 200 86 400 80 000 80 600
25 84 300 91 700 81 600 82 800
26 88 200 92 300 82 900 84 300
27 87 700 93 500 83 600 85 000
28 86 800 94 200 83 900 85 500
29 86 900 95 300 83 800 85 700
30 86 300 93 800 83 500 85 500
31 86 400 94 200 82 800 85 200
32 85 100 93 300 82 200 84 700
33 83 800 91 000 81 400 84 000
34 80 900 88 400 80 800 83 300
35 85 800 92 300 80 000 82 700
36 86 100 91 500 79 200 82 100
37 88 100 92 800 78 700 81 500
38 81 700 86 600 78 100 80 800
39 82 000 84 900 77 200 80 200
40 82 500 85 000 76 300 79 300
41 80 100 82 300 75 400 78 400
42 81 000 82 200 74 600 77 600
43 84 100 84 500 73 800 77 000
44 86 300 88 600 73 400 76 500
45 88 100 87 600 72 900 76 000
46 85 400 86 800 72 600 75 600
47 82 500 84 000 72 100 75 200
48 79 900 83 700 71 600 74 700
49 77 900 81 200 72 400 75 800
50 77 000 81 400 73 300 76 800
51 79 100 82 000 73 500 76 400
52 77 300 82 000 73 800 77 200
53 77 400 83 800 74 300 77 400
54 76 900 81 400 75 000 77 500
55 73 900 78 400 75 000 78 700
56 72 400 77 800 74 600 77 400
57 70 000 75 900 74 600 77 000
58 69 600 74 800 73 300 76 500
59 65 900 72 100 73 300 76 700
60 63 900 71 000 70 800 73 600
61 59 900 68 300 68 900 72 200
62 58 400 65 700 65 900 69 200
63 57 000 63 500 64 500 68 400
64 53 700 61 500 61 700 65 000
65 52 700 61 200 59 200 63 100
66 51 100 59 100 57 000 61 900
67 52 400 60 000 55 800 60 700
68 50 600 59 300 55 800 60 500
69 50 700 58 200 55 400 60 700
70 49 400 56 800 51 300 57 200
71 46 400 53 600 50 600 57 000
72 34 500 40 500 48 800 55 700
73 33 600 39 600 48 700 56 000
74 32 200 38 700 47 600 55 400
75 29 200 35 300 45 700 53 600
76 25 500 31 400 44 800 53 000
77 25 500 32 600 45 500 54 000
78 25 500 34 100 45 500 53 000
79 24 000 32 500 44 300 52 500
80 22 500 31 600 42 700 51 700
81 21 400 30 500 41 600 51 000
82 19 200 29 800 40 200 49 300
83 18 500 29 100 39 200 48 300
84 16 400 26 800 37 400 46 700
85 15 300 27 200 35 500 44 200
86 13 400 24 500 32 700 41 600
87 11 900 23 500 32 600 41 500
88 9 900 20 300 30 600 39 200
89 8 600 18 200 28 600 37 400
90 6 900 15 800 24 000 32 500
91 5 900 14 000 21 300 29 300
92 4 600 12 000 18 500 26 400
93 3 500 10 100 15 400 22 800
94 2 600 8 300 13 000 19 900
95 2 100 6 700 11 300 17 600
96 1 500 5 200 9 400 15 500
97 1 000 4 100 7 600 12 700
98 400 1 700 5 700 10 200
99 800 3 500 15 100 32 500
  • Note : la dernière tranche du graphique comprend les personnes âgées de 99 ans ou plus.
  • Source : Insee, modèle Omphale 2022, scénario régional tendanciel.

Figure 2Pyramide des âges des habitants en Île-de-France en 2018 et en 2070

  • Note : la dernière tranche du graphique comprend les personnes âgées de 99 ans ou plus.
  • Source : Insee, modèle Omphale 2022, scénario régional tendanciel.

Des dynamiques départementales diverses

Selon les départements, les projections démographiques en Île-de-France dessinent des trajectoires différentes, à l’image des tendances observées actuellement. À Paris, où la population diminue depuis 2011, la tendance à la baisse se poursuivrait dans les prochaines décennies. D’après les hypothèses du scénario régional tendanciel, la population parisienne passerait sous le seuil des 2 millions au cours de la décennie 2050-2059.

La baisse démographique, actuellement spécifique de Paris, s’étendrait à tous les autres départements franciliens d’ici 2070. C’est au cours de la période 2045-2055 que ces derniers connaîtraient leur pic de population. Sous l’effet du vieillissement, l’inversion de tendance interviendrait d’abord dans les Hauts-de-Seine ; elle serait plus tardive en Seine-et-Marne ainsi que dans le Val-d’Oise où la population serait relativement jeune.

Si les tendances démographiques actuelles se prolongeaient, la Seine-Saint-Denis serait toujours en 2070 le département le plus jeune de France métropolitaine : 23 % de la population y serait âgée de moins de 18 ans alors qu’à Paris, seule 15 % de la population serait dans cette tranche d’âges.

Encadré - Les tendances démographiques récentes en Île-de-France

Avec 95 000 naissances de plus que de décès chaque année, l’excédent naturel reste le moteur principal de la croissance démographique francilienne depuis 2015, année où il est même devenu supérieur à celui de l’ensemble des autres régions de France. Celui-ci s’est néanmoins réduit tout au long des années 2010 sous l’effet d’une fécondité en baisse et d’une espérance de vie qui continue de progresser mais à un rythme ralenti, et ce dès avant la pandémie, en Île-de-France comme ailleurs en France. La fécondité et l’espérance de vie sont certes un peu plus élevées qu’ailleurs en France, mais elles ne suffisent pas à expliquer l’ampleur du solde naturel francilien qui s’alimente des migrations qu’entretient l’Île-de-France avec le reste du pays et avec le reste du monde. Les migrations, globalement déficitaires, se traduisent en effet par des arrivées nettes permanentes de jeunes adultes qui alimentent la natalité francilienne, et des départs nets permanents de familles et de retraités qui limitent d’autant le nombre de décès en Île-de-France et entretiennent la jeunesse relative de sa population.

Tout au long de la décennie 2010, le déficit migratoire de l’Île-de-France avec le reste du pays s’est creusé pour s’établir à près de - 100 000 personnes en 2018. Le solde migratoire avec le reste du monde a fluctué et conduit à l’arrivée nette d’environ 50 000 personnes chaque année depuis 2015 en Île-de-France.

Le scénario régional tendanciel présenté ici maintient pendant un peu plus d’un demi-siècle la fécondité à son niveau actuel tandis que l’espérance de vie continue de croître à un rythme ralenti. Les migrations entre l’Île-de-France et le reste du pays restent très fortement déficitaires, au niveau bas atteint à la fin de la décennie 2010 tandis que le solde migratoire international de l’Île-de-France reste positif à hauteur d’environ + 40 000 chaque année, un niveau plus faible que celui observé depuis 2015 (+ 52 000) mais proche de celui observé durant la décennie 2010. Des variantes à ce scénario régional tendanciel ont été mises en œuvre afin d’envisager des hypothèses hautes ou basses en matière de fécondité, d’espérance de vie et de solde migratoire international.

À l’échelle des départements, le scénario régional tendanciel prolonge aussi les migrations résidentielles récentes, et ce pendant plus d’un demi-siècle. Or, ces tendances reflètent en partie les dynamiques de construction et l’évolution de l'occupation du parc observées ces dernières années. À titre d'exemple, le nombre de ménages vivant à Paris diminue depuis 2011 tandis que l’offre immobilière classique se réduit au profit notamment des locations touristiques à l’année ou de pied-à-terre ponctuels, limitant potentiellement les arrivées de jeunes adultes. Autant de mutations récentes reconduites dans cette projection tendancielle [Chaput et al., 2020].

Les projections ne doivent pas, par conséquent, être assimilées à des prévisions : il est impossible de prédire comment évolueront exactement les différentes composantes démographiques à horizon 2070. Les projections de population permettent d’illustrer et d’objectiver l’impact d’évolutions possibles des comportements démographiques sur la structure et la taille de la population à moyen et long terme.

Publication rédigée par :Groupe de travail « Projections démographiques », Comité régional pour l’information économique et sociale d’Île-de-France

Pour comprendre

Les projections démographiques présentées dans cette étude sont issues du modèle Omphale qui permet de réaliser des projections infranationales en projetant d’année en année les pyramides des âges des différents territoires. L’évolution de la population par sexe et âge repose sur des hypothèses d’évolution de trois composantes : la fécondité, la mortalité et les migrations (flux internes à la France et solde migratoire avec l’étranger). Ces hypothèses sont appliquées aux comportements observés initialement sur la zone d’intérêt. Le point de départ des projections est la population 2018 issue du recensement de la population.

Différents scénarios ont ainsi été élaborés. En plus du scénario central reposant sur des hypothèses nationales [Cazaubiel et al., 2022], un scénario régional tendanciel a été construit, intégrant les dernières données disponibles et des hypothèses prenant en compte des spécificités locales qu’il est complexe d’intégrer de manière harmonisée à l’échelle nationale. Ces jeux d’hypothèses conduisent à des projections de population légèrement différentes, mais potentiellement plus adaptées à des considérations locales.

Hypothèses retenues pour le scénario régional tendanciel et ses variantes

Hypothèses retenues pour le scénario régional tendanciel et ses variantes
Hypothèses
Scénario régional bas Scénario régional tendanciel Scénario régional haut
Indicateur conjoncturel de fécondité (en nombre d’enfants par femme) 1,69 1,90 2,11
Espérance de vie à la naissance des hommes (en années) 85,3 88,3 90,9
Espérance de vie à la naissance des femmes (en années) 86,9 89,9 92,4
Solde migratoire annuel moyen 2018-2070 -59 200 -55 100 -49 600

Le scénario régional tendanciel, ainsi que ses variantes, ont été élaborés dans le cadre d’un groupe de travail réuni sous l’égide du Comité régional pour l’information économique et sociale (Cries Île-de-France) et animé par l’Insee Île-de-France. Ont participé à ce groupe de travail : l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur), l’Agence régionale de santé (ARS Île-de-France), la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement, de l’aménagement et des transports (Drieat Île-de-France), la Direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du logement (Drihl Île-de-France), la Direction régionale et interdépartementale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Drieets Île-de-France), L’Institut Paris Region et le rectorat de Versailles. En 2023, les travaux de ce groupe se poursuivront afin de proposer des scénarios départementaux complémentaires. Il s’agira alors d’intégrer des jeux d’hypothèses qui prennent en compte des éléments de dynamique locale, en lien par exemple avec la construction de logements.

Définitions

Le taux de croissance annuel moyen est un taux de croissance lissé sur plusieurs années. Il permet notamment de comparer des évolutions sur des durées différentes.

Le solde naturel est la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès enregistrés au cours d'une période.

Le solde migratoire est la différence entre le nombre de personnes qui sont entrées sur le territoire et le nombre de personnes qui en sont sorties au cours de l'année. Ce concept est indépendant de la nationalité.

L’indicateur conjoncturel de fécondité, ou somme des naissances réduites, mesure le nombre d'enfants qu'aurait une femme tout au long de sa vie, si les taux de fécondité observés l'année considérée à chaque âge demeuraient inchangés.

Pour en savoir plus

Cazaubiel A., El Guendouz A., « D’ici 2070, un tiers des régions perdraient des habitants », Insee Première n° 1930, novembre 2022.

Algava É., Blanpain N., « 68,1 millions d’habitants en 2070 : une population un peu plus nombreuse qu’en 2021, mais plus âgée », Insee Première n° 1881, novembre 2021.

Chaput K., Jankel S., Laurent P., Roger S., « À Paris, quatre résidences secondaires sur dix appartiennent à des Franciliens », Insee Analyses Île-de-France n° 122, novembre 2020.

Poncelet T., Trigano L., « Même vieillissante, l’Île-de-France resterait la région la plus jeune de France métropolitaine en 2050 », Insee Analyses Île-de-France n° 62, juin 2017.

Insee, Les projections de population / Outils pédagogiques - Population - Estimations et projections de population.