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Insee Analyses Occitanie · Janvier 2023 · n° 126
Insee Analyses OccitanieLa formation des jeunes dans le Tarn-et-Garonne : un enjeu fort pour accompagner les nouvelles opportunités

Catherine Lavaud (Insee) en collaboration avec la préfecture du Tarn-et-Garonne

Les jeunes résidant dans le Tarn-et-Garonne quittent souvent l’école sans diplôme ou avec un faible niveau de formation, malgré une offre d’enseignement diversifiée à la fois localement et grâce à la proximité de Toulouse. Dans ce département au cœur de plusieurs projets d’envergure, de nouvelles opportunités professionnelles devraient voir le jour. Améliorer la qualification, élever le niveau de formation des jeunes Tarn-et-Garonnais constituent des enjeux majeurs pour leur permettre de s’adapter aux besoins à venir du marché du travail.

Insee Analyses Occitanie
No 126
Paru le :Paru le26/01/2023

Le Tarn-et-Garonne est le septième département de France métropolitaine où les jeunes sont les moins diplômés (figure 1). En 2019, 22 % des 15-29 ans n’ont pas de diplôme ou ont au mieux un brevet des collèges. Les élèves sont un peu plus souvent orientés vers des filières professionnelles : 30 % des élèves du second cycle sont inscrits en CAP ou lycée professionnel en 2021 contre 28 % en France métropolitaine. Les élèves obtenant un baccalauréat (Bac) poursuivent moins souvent des études supérieures, dans le département ou ailleurs. En 2019, après avoir obtenu un Bac général, 14 % n’ont pas continué leurs études, contre 5 % en moyenne nationale. Suite à un Bac technologique, c’est le cas de 38 % des élèves contre 20 % au niveau national. Très peu se tournent vers les filières sélectives telles que les classes préparatoires aux grandes écoles. Les titulaires d’un master ou d’un diplôme d’ingénieur sont peu nombreux (figure 2). Seulement un jeune sur vingt parmi les non scolarisés de moins de 30 ans résidant dans le Tarn-et-Garonne est titulaire d’un diplôme Bac +5 ou supérieur, contre trois sur vingt au niveau national.

Figure 1aProportion des 15-29 ans non scolarisés qui sont sans diplôme ou titulaires du brevet des collèges en 2019

en %
Proportion des 15-29 ans non scolarisés qui sont sans diplôme ou titulaires du brevet des collèges en 2019 (en %)
Code département Département de résidence sans diplôme ou titulaires du brevet des collèges
01 01 - Ain 15,6
02 02 - Aisne 23,5
03 03 - Allier 19,7
04 04 - Alpes-de-Haute-Provence 17,2
05 05 - Hautes-Alpes 14,3
06 06 - Alpes-Maritimes 17,6
07 07 - Ardèche 15,8
08 08 - Ardennes 20,0
09 09 - Ariège 18,3
10 10 - Aube 19,7
11 11 - Aude 21,5
12 12 - Aveyron 14,5
13 13 - Bouches-du-Rhône 17,9
14 14 - Calvados 15,5
15 15 - Cantal 12,9
16 16 - Charente 18,0
17 17 - Charente-Maritime 16,5
18 18 - Cher 18,6
19 19 - Corrèze 16,4
21 21 - Côte-d'Or 15,1
22 22 - Côtes-d'Armor 13,9
23 23 - Creuse 16,8
24 24 - Dordogne 17,6
25 25 - Doubs 15,1
26 26 - Drôme 17,3
27 27 - Eure 19,5
28 28 - Eure-et-Loir 17,8
29 29 - Finistère 12,1
2A 2A - Corse-du-Sud 18,0
2B 2B - Haute-Corse 22,3
30 30 - Gard 19,6
31 31 - Haute-Garonne 12,5
32 32 - Gers 16,1
33 33 - Gironde 14,9
34 34 - Hérault 17,5
35 35 - Ille-et-Vilaine 11,5
36 36 - Indre 18,5
37 37 - Indre-et-Loire 13,7
38 38 - Isère 15,7
39 39 - Jura 15,2
40 40 - Landes 14,9
41 41 - Loir-et-Cher 19,2
42 42 - Loire 16,6
43 43 - Haute-Loire 13,7
44 44 - Loire-Atlantique 12,2
45 45 - Loiret 18,1
46 46 - Lot 16,3
47 47 - Lot-et-Garonne 19,4
48 48 - Lozère 14,6
49 49 - Maine-et-Loire 14,9
50 50 - Manche 13,0
51 51 - Marne 16,9
52 52 - Haute-Marne 16,9
53 53 - Mayenne 13,7
54 54 - Meurthe-et-Moselle 16,8
55 55 - Meuse 17,4
56 56 - Morbihan 13,6
57 57 - Moselle 16,5
58 58 - Nièvre 19,9
59 59 - Nord 20,5
60 60 - Oise 19,1
61 61 - Orne 18,4
62 62 - Pas-de-Calais 21,9
63 63 - Puy-de-Dôme 15,2
64 64 - Pyrénées-Atlantiques 12,2
65 65 - Hautes-Pyrénées 16,5
66 66 - Pyrénées-Orientales 24,2
67 67 - Bas-Rhin 14,1
68 68 - Haut-Rhin 16,1
69 69 - Rhône 13,5
70 70 - Haute-Saône 17,1
71 71 - Saône-et-Loire 17,3
72 72 - Sarthe 17,1
73 73 - Savoie 13,7
74 74 - Haute-Savoie 13,2
75 75 - Paris 6,7
76 76 - Seine-Maritime 17,5
77 77 - Seine-et-Marne 17,0
78 78 - Yvelines 13,5
79 79 - Deux-Sèvres 15,4
80 80 - Somme 20,5
81 81 - Tarn 17,1
82 82 - Tarn-et-Garonne 21,8
83 83 - Var 18,0
84 84 - Vaucluse 20,0
85 85 - Vendée 12,7
86 86 - Vienne 14,2
87 87 - Haute-Vienne 16,4
88 88 - Vosges 16,8
89 89 - Yonne 22,0
90 90 - Territoire de Belfort 17,3
91 91 - Essonne 17,7
92 92 - Hauts-de-Seine 10,1
93 93 - Seine-Saint-Denis 22,8
94 94 - Val-de-Marne 14,6
95 95 - Val-d'Oise 18,0
Fr France métro 16,1
  • Source : Insee – Recensement de la population 2019 – exploitation complémentaire.

Figure 1aProportion des 15-29 ans non scolarisés qui sont sans diplôme ou titulaires du brevet des collèges en 2019

  • Source : Insee – Recensement de la population 2019 – exploitation complémentaire.

Figure 2Population non scolarisée de 15 à 29 ans par diplôme le plus élevé en 2019

en %
Population non scolarisée de 15 à 29 ans par diplôme le plus élevé en 2019 (en %)
Tarn-et-Garonne France métropolitaine
Bac +5 ou + 5,2 13,7
Bac +3 ou +4 8,1 10,6
Bac +2 12,3 12,7
Baccalauréat 28,6 27,3
CAP-BEP 24,1 19,5
Brevet des collèges 6,5 5,0
Aucun diplôme 15,3 11,1
  • Source : Insee – Recensement de la population 2019 – exploitation principale.

Figure 2Population non scolarisée de 15 à 29 ans par diplôme le plus élevé en 2019

  • Source : Insee – Recensement de la population 2019 – exploitation principale.

La proximité de Toulouse : un atout plus qu’un effet d’aspiration

La proximité de Toulouse peut être un atout par les opportunités de formations supérieures qu’offre cette métropole accessible en une demi-heure de train depuis Montauban. Elle peut aussi être un frein au développement local de filières d’enseignement supérieur en raison de la concurrence de l’offre de formation toulousaine.

Près de la moitié des 5 300 étudiants résidant en 2019 dans le Tarn-et-Garonne sont inscrits dans des formations hors du département, principalement à Toulouse. Une centaine environ se déplacent hors de la région en suivant leurs études à Agen. Outre les étudiants, les jeunes font également des navettes hors du département pour travailler. C’est le cas d’environ 3 000 jeunes de moins de 30 ans. Ils se dirigent aussi majoritairement vers la Haute-Garonne. Les jeunes actifs sont néanmoins moins mobiles hors du département que leurs aînés. Seulement 15 % des moins de 25 ans et 17 % des 25-29 ans en emploi et résidant dans le Tarn-et-Garonne travaillent hors du département contre 26 % des 30-39 ans et 20 % au-delà.

D’autres jeunes déménagent pour poursuivre leurs études ou pour travailler. Parmi les 2 000 jeunes de 18 à 24 ans qui ont quitté le Tarn-et-Garonne en 2018, la moitié étaient étudiants l’année suivante et l’autre moitié se déclaraient en emploi, au chômage ou inactifs. Poursuivre des études n’est donc pas le seul motif qui justifie de quitter le département. Les migrations sont déficitaires entre 18 et 24 ans, à l’équilibre entre 25 et 29 ans mais largement excédentaires pour les autres tranches d’âge : comme les autres départements situés autour de la métropole de Toulouse, le Tarn-et-Garonne perd des jeunes aux âges des études supérieures et du premier emploi. Le des 15-29 ans y est cependant moins négatif que dans le Gers, l’Ariège mais plus que dans le Tarn ou le Lot. Au total, le Tarn-et-Garonne a gagné en moyenne 1 600 habitants chaque année entre 2013 et 2019 par le jeu des migrations.

Globalement, la proximité de Toulouse ne se traduit donc pas par une aspiration massive des jeunes mais représente davantage une opportunité pour ceux qui ne trouvent pas les formations ou le travail recherchés sur place.

Contrer les freins sociaux aux études longues

Il existe un lien fort entre l’origine sociale et le niveau de diplôme obtenu [France Portrait social, Insee Référence - pour en savoir plus (4)]. Avec de nombreuses familles d’agriculteurs, d’ouvriers, d’employés et des cadres moins présents qu’ailleurs (un actif sur dix contre un sur six au niveau national), le tissu social du Tarn-et-Garonne peut constituer un frein aux études supérieures des jeunes. Le niveau de vie des ménages est modeste. Dans le département, 16,4 % des habitants vivent en dessous du en 2019 (contre 14,6 % en France métropolitaine), rendant difficile le financement des études supérieures des enfants.

Ces conditions sociales peuvent parfois être à l’origine de difficultés d’assimilation des apprentissages. Lors de la journée Défense et Citoyenneté de 2020, 10,3 % des jeunes présentent des difficultés de lecture dans le Tarn-et-Garonne, contre 8,1 % en France métropolitaine. Ces dernières années, une politique favorable à la fluidité des parcours dans le premier degré a été mise en place. Signe encourageant, la proportion d’enfants ayant au moins un an de retard à l’entrée en 6e (figure 3) diminue de façon plus rapide en Tarn-et-Garonne qu’ailleurs.

Par ailleurs, des initiatives sont prises pour favoriser la poursuite des études. Par exemple, les Cordées de la réussite, relancées en 2020, accompagnent les jeunes dans leur orientation. Elles ont pour objectif d’accroître l’ambition scolaire de jeunes qui, en raison de leur origine sociale ou territoriale, s’autocensurent et ne disposent pas de toutes les « clés » pour s’engager avec succès dans la poursuite d’études dans l’enseignement supérieur ou pour réussir leur insertion professionnelle.

Figure 3 Part des élèves ayant au moins un an de retard à l’entrée en sixième

en %
Part des élèves ayant au moins un an de retard à l’entrée en sixième (en %)
Tarn-et-Garonne France métropolitaine
2013 13,7 11,2
2014 11,8 10,8
2015 12,1 9,8
2016 10,9 9,3
2017 8 8
2018 7,4 7,1
2019 5 5,9
2020 3,8 5
  • Source : MENESR-DEPP, système d'information SCOLARITE et enquête n°16 auprès des établissements privés hors contrat.

Figure 3 Part des élèves ayant au moins un an de retard à l’entrée en sixième

  • Source : MENESR-DEPP, système d'information SCOLARITE et enquête n°16 auprès des établissements privés hors contrat.

Anticiper l’évolution à venir du tissu économique

Les activités traditionnelles du département font appel à une main d’œuvre relativement peu qualifiée. Très présente, l’agriculture emploie 6,3 % des actifs contre 2,6 % en moyenne en France métropolitaine. Elle recrute des salariés principalement sur des postes peu qualifiés et . Plus de 5 000 postes saisonniers agricoles sont pourvus chaque année, principalement pour travailler dans les vergers, pour vendanger ou pour castrer le maïs. Près d'un tiers sont occupés par des salariés venant d'un pays étranger. Ce sont des opportunités d’embauche pour les jeunes résidant près des zones de production, mais aussi de possibles jobs d’été pour des étudiants.

Dans ce département au carrefour des autoroutes A20 et A62, les activités de transport routier, d’entreposage et de commerce sont également développées. Elles offrent aussi des emplois souvent peu qualifiés. Dans le tertiaire, l’administration publique est bien présente, mais les services aux entreprises du secteur privé qui offrent les métiers les plus qualifiés sont peu représentés. Les postes de , qui sont les plus stratégiques et bénéficient d'une rémunération élevée, sont peu nombreux (données complémentaires 2). Mais une main d’œuvre hautement qualifiée est aussi recherchée dans certains secteurs, comme par exemple au sein de la centrale nucléaire de Golfech. Les projets de développement à venir (encadré 2) devraient s’accompagner de niveaux de qualification des salariés plus élevés, nécessitant des adaptations du système éducatif local.

L’apprentissage, de nature à favoriser l’insertion professionnelle, s’est largement développé comme partout en France suite à l’augmentation des aides accordées aux entreprises pour les embauches d'apprentis. En 2021, 2 230 jeunes ont été recrutés en contrat d’apprentissage dans le Tarn-et-Garonne. C’est deux fois plus qu’en 2019. La progression se poursuit puisque les signatures de contrats d’apprentissage ont augmenté de 25 % sur l’année scolaire 2021-2022 par rapport à la précédente.

Favoriser l’insertion des jeunes ni en emploi ni en formation

Le taux de chômage dans le Tarn-et-Garonne est supérieur à la moyenne nationale (8,8 % contre 7,3 %). L’écart est particulièrement important pour les jeunes : 24 % des jeunes actifs de moins de 25 ans sont au chômage en 2021. C’est six points de plus qu’au niveau national. Ainsi, fin 2021, 3 340 personnes de moins de 25 ans sont inscrites à Pôle emploi dont 2 090 qui n’ont pas travaillé le mois précédent et sont immédiatement disponibles (catégorie A).

En 2019, 35 % des jeunes ayant quitté le système scolaire ou toute formation ne sont pas insérés dans l’emploi (figure 4). C’est plus qu’au niveau national (31 % en moyenne en France métropolitaine), mais nettement moins que dans d’autres départements, le maximum étant de 47 % dans les Pyrénées-Orientales. Les profils de ces jeunes sont divers. Leur situation, temporaire ou prolongée, peut être subie ou choisie. En particulier, 1 800 d’entre eux déclarent ne pas rechercher d’emploi. Il s’agit deux fois plus souvent de jeunes femmes que de jeunes hommes, qui sont peut-être inactives du fait d’enfant(s) à charge.

Le plan " 1 jeune 1 solution " vise à favoriser l’insertion de ces jeunes qui ont quitté le système scolaire et qui sont au chômage ou sans emploi. Au cours des années 2021 et 2022, plus de 2 000 jeunes de 16 à 25 ans ont été accompagnés avec un parcours d’insertion sur mesure dans le cadre du PACEA-jeunes (Parcours contractualisé d’ACcompagnement vers l’Emploi et l’Autonomie), une des mesures phares de ce plan.

Un diplôme pour accéder à l’emploi

Les jeunes sortis du système scolaire sans diplôme ou avec un brevet des collèges sont les plus éloignés de l’emploi, notamment dans le Tarn-et-Garonne : les deux tiers d’entre eux sont au chômage ou inactifs (figure 4). L’insertion semble un peu plus facile qu’ailleurs pour les titulaires d’un CAP-BEP ou d’un baccalauréat. Le département offre d’intéressantes possibilités d’évolution de carrière pour les titulaires d’un diplôme relevant d’un cursus court. Ainsi, seulement 59 % des salariés de moins de 40 ans occupant des postes de niveau cadre ou ingénieur dans le Tarn-et-Garonne possèdent un diplôme supérieur à Bac +2 contre 71 % en moyenne métropolitaine. A contrario, l’accès à l’emploi semble aujourd’hui un peu plus difficile pour les plus diplômés (Bac +5 ou plus) dans le Tarn-et-Garonne : les jeunes titulaires des diplômes les plus élevés sont plus souvent inactifs ou au chômage que ceux détenant un diplôme de niveau Bac +2 à Bac +4. Dans la région, ce phénomène est observé également en Ariège et dans les Pyrénées-Orientales. Il peut s’expliquer par la rareté d’emplois en phase avec la qualification des plus diplômés dans ces départements, qui pourrait s’atténuer dans le Tarn-et-Garonne avec les besoins productifs de demain. Faciliter l’obtention d’un diplôme pour tous les jeunes ayant décroché du système scolaire sans qualification semble donc l’enjeu prioritaire pour favoriser l’insertion professionnelle des jeunes dans le département, plus qu’une élévation du niveau de ceux qui sont déjà diplômés du supérieur. L’ouverture prochaine d’une école de la deuxième chance à Montauban s’inscrit dans ce contexte.

Figure 4 Proportion de chômeurs et d’inactifs parmi les jeunes de 15 à 29 ans non inscrits dans un établissement d’enseignement, selon le niveau de formation, en 2019

en %
Proportion de chômeurs et d’inactifs parmi les jeunes de 15 à 29 ans non inscrits dans un établissement d’enseignement, selon le niveau de formation, en 2019 (en %)
Tarn-et-Garonne France métropolitaine
Aucun diplôme ou brevet des collèges 65,8 61,9
CAP BEP 33,0 35,1
baccalauréat 28,3 29,6
Bac +2 19,3 18,9
Bac +3 +4 15,7 17,7
Bac +5 ou + 21,0 14,2
Ensemble 34,8 31,2
  • Source : Insee – Recensement de la population 2019 – exploitation complémentaire.

Figure 4 Proportion de chômeurs et d’inactifs parmi les jeunes de 15 à 29 ans non inscrits dans un établissement d’enseignement, selon le niveau de formation, en 2019

  • Source : Insee – Recensement de la population 2019 – exploitation complémentaire.

Encadré 1 - Une offre de formation à développer pour attirer des jeunes d’autres départements

Avec une seule commune de plus de 50 000 habitants, deux de 14 000 habitants et les autres comptabilisant moins de 7 000 habitants, le Tarn-et-Garonne ne peut pas proposer toutes les filières de formation. L’offre actuelle de formation est diversifiée dans les filières professionnelles courtes, largement réparties sur le territoire départemental, avec une offre en CAP ou Bac professionnel dans des métiers de l’agriculture, de l’hôtellerie et de la restauration, du commerce, de la coiffure, de l’esthétique et de la mode, de la mécanique et de la carrosserie, de la logistique, du bâtiment et des travaux publics… Après le baccalauréat, elle se concentre sur divers BTS proposés dans neuf lycées et d’autres formations post-Bac implantées dans l’agglomération de Montauban. Plusieurs antennes des universités toulousaines y sont déployées, dans les domaines du droit, du management, de la gestion, de l’édition, de la communication et des arts appliqués. Un institut de formation aux métiers de la santé et une école de gestion, management et commerce sont également implantés. Au total, un peu plus de 2 000 jeunes sont inscrits en études supérieures à Montauban. C’est toutefois 2,5 fois moins qu’à Albi, préfecture voisine du Tarn, qui bénéficie de la présence de formations rares ou d’excellence à recrutement national alors que les jeunes qui étudient dans le Tarn-et-Garonne résident très majoritairement dans le département.

Le système éducatif doit accompagner les projets de développement économique du département mais aussi les perspectives démographiques. Si les tendances démographiques récentes se poursuivaient, l’effectif de jeunes de 15 à 24 ans continuerait d’augmenter jusqu’en 2026, plus vite que la population totale du département, puis se stabiliserait et reculerait après 2030 quand le nombre total d’habitants du Tarn-et-Garonne continuerait de progresser. Un développement de l’offre de formation et des emplois offerts pourrait impacter ces projections en rendant le département plus attractif pour les jeunes.

Encadré 2 - Le mot de la Préfecture

L’Insee Occitanie et les services de l’État de Tarn-et-Garonne ont travaillé ensemble pour analyser et mieux connaître les caractéristiques éducatives des jeunes Tarn-et-garonnais.

L’étude qui vous est proposée est sans concession : le département du Tarn-et-Garonne se distingue par un niveau de formation plus faible et moins diversifié qu’en moyenne régionale et nationale. Il s’agit là d’un constat lucide, mais pas d’un déterminisme indépassable ni définitif.

Nous entrons dans une nouvelle ère et de nouvelles opportunités vont au contraire s’offrir à celles et ceux qui intégreront le marché du travail dans les prochaines années. Il est essentiel pour les décideurs - pouvoirs publics, monde économique, acteurs de la formation – de préparer ensemble, dès à présent, l’adéquation entre les capacités des jeunes actifs et les besoins productifs de demain.

Le département s’apprête en effet à connaître des transformations majeures. La décennie qui s’annonce verra l’avènement de projets d’infrastructures de transport d’envergure nationale : ligne ferroviaire à grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse, nouvelle gare TGV multimodale à Montauban-Bressols, connectée à l’A62 par un nouvel échangeur autoroutier. À proximité, l’État engage la construction d’un centre hospitalier départemental entièrement neuf, de plus grande capacité. Pour ces réalisations, les investissements publics programmés se chiffrent en milliards d’euros qui constitueront autant d’emplois, de commandes et d’opportunités de marché pour les entreprises locales et régionales.

En parallèle, une véritable destination touristique et culturelle est significativement renforcée avec trois projets tarn-et-garonnais inscrits au Contrat de Plan État Région 2022-2027 : centre d’art contemporain de l’abbaye cistercienne de Beaulieu-en-Rouergue, centre de conservation archéologique, mise en valeur des grottes ornées de Bruniquel. Là encore, des opportunités professionnelles vont voir le jour, dans les métiers du tourisme.

Enfin, ce département est doté d’une immense ressource, incomparable, à l’heure où l’autonomie énergétique de la France est devenue un impératif national : sa spécialisation énergétique dans le nucléaire, l’énergie du futur grâce à laquelle la France produit l’électricité la plus décarbonée d’Europe. 300 millions d’€ sont actuellement investis pour assurer la modernisation de la centrale de Golfech, capable de produire 50 % de l’électricité nécessaire à une région comme l’Occitanie.

L’ampleur de ces projets et l’impact qu’ils auront sur le marché du travail sont tels qu’ils nécessitent une prise de conscience et une mobilisation énergique. État, collectivités territoriales, système éducatif et universitaire, entreprises : tous doivent converger pour améliorer et adapter le niveau de formation et de qualification de la jeunesse du département et réussir son avenir.

L’État prendra toute sa part.

Chantal Mauchet, Préfète du Tarn-et-Garonne

Encadré 3 - Le mot du Directeur académique des services de l'Éducation nationale

Le département de Tarn et Garonne est un territoire contrasté, caractérisé par une zone attractive autour de l’axe autoroutier Montauban/Toulouse se traduisant par une progression des effectifs scolaires, et inversement des zones en fléchissement démographique sensible avec déclin de la population scolaire.

Il en résulte pour le premier degré une structure scolaire tout aussi contrastée avec des écoles à effectifs élevés sur les zones attractives et des écoles à faible nombre de classes et à effectifs très réduits qui pénalisent tout à la fois l’aménagement du territoire et les dynamiques pédagogiques. Parallèlement, dans le second degré le département, à de rares exceptions près, se caractérise par des établissements de tailles très importantes avec des classes à forts effectifs (parmi les plus élevés de l’académie). Enfin, on note un déficit d’enseignement supérieur qui n’offre pas de proximité pour les familles les plus fragiles et contribue à limiter l’ambition des élèves et de leurs parents. Enfin, la population scolaire, avec des indices de position sociale majoritairement défavorisés, est globalement la plus fragile des départements de l’académie.

Dans ce contexte le département est marqué par la faiblesse des résultats à tous les niveaux, bien que demeurant dans la moyenne nationale, et par un manque d’ambition pour la poursuite d’études ou les filières d’excellence. La dynamique départementale, au regard des enjeux sociaux et des perspectives à terme pour les populations et le territoire, met en œuvre les priorités de l'éducation nationale qui peuvent se résumer en 3 axes principaux, hausse du niveau de qualification, lutte contre les déterminismes, lutte contre le décrochage. Elle s’attache ainsi à promouvoir à l’échelle départementale :

  • Une politique centrée sur la continuité du parcours de l’élève de la maternelle au lycée général, technologique et professionnel, jusqu’à la poursuite d’études dans l’enseignement supérieur,
  • Une politique d’orientation adossée au développement des Cordées de la réussite, à la conception d’une carte des formations plus ambitieuse notamment au niveau du post bac, enfin au renforcement du lien avec les entreprises et les secteurs d’avenir,
  • Une politique partenariale avec les collectivités en particulier dans le cadre de territoires éducatifs ruraux ou de cités éducatives.

Pierre Roques, Directeur académique des services de l'Éducation nationale du Tarn-et-Garonne

Publication rédigée par :Catherine Lavaud (Insee) en collaboration avec la préfecture du Tarn-et-Garonne

Définitions

Le taux de migration nette pour une tranche d’âge et un territoire est le rapport entre le solde migratoire interne pour cette tranche d’âge (différence entre le nombre d’arrivants sur une année depuis la France vers le territoire et de partants du territoire vers le reste de la France) et la population présente sur le territoire pour cette tranche d’âge.

Le seuil de pauvreté est fixé à 60 % du revenu médian de la population française. Il correspond en 2019 à un revenu disponible de 1 102 euros par mois pour une personne vivant seule et de 2 314 euros pour un couple avec deux enfants âgés de moins de 14 ans.

Un poste saisonnier correspond à une embauche ponctuelle pour un besoin récurrent de main-d’œuvre chaque année. Une même personne peut être embauchée dans l’année sur plusieurs postes saisonniers ou non.

Les cadres des fonctions métropolitaines regroupent les cadres et chefs d'entreprises de 10 salariés ou plus des cinq fonctions suivantes : conception-recherche, prestations intellectuelles, commerce inter-entreprises, gestion et culture-loisirs.

Le taux d’encadrement est défini comme la proportion de postes de cadres parmi les postes occupés.

Pour en savoir plus

(1) « Scolarité en milieu rural : des élèves souvent plus éloignés de leur établissement, des études plus courtes », Insee Flash Occitanie no 115, janvier 2022.

(2) « Chômage et demande d’emploi : les territoires occitans inégaux face au choc lié à la crise sanitaire », Insee Analyses Occitanie no 105, février 2021.

(3) « Inactivité et chômage des jeunes : un éloignement de l’emploi à plusieurs facettes », Insee Analyses Occitanie no 99, décembre 2020.

(4) France Portrait social – Fiche niveau d’éducation de la population, Insee Références 2019.