Insee
Insee Analyses Hauts-de-France · Octobre 2023 · n° 159
Insee Analyses Hauts-de-FranceLes multiples visages de la pauvreté dans les Hauts-de-France

Kevin Fusillier, Cyril Gicquiaux (Insee)

En 2020, 17,2 % de la population des Hauts-de-France vit sous le seuil de pauvreté monétaire. La région est ainsi la 2e région de France métropolitaine la plus exposée avec 4 départements sur 5 parmi les plus concernés au niveau national. La pauvreté monétaire y est cependant moins intense, les ménages pauvres étant moins éloignés du seuil de pauvreté. Si les familles monoparentales et les jeunes sont particulièrement touchés, d’autres types de ménages sont concernés par ces difficultés. En tenant compte du lien à l’emploi ou encore des conditions de logement, six profils de ménages pauvres, inégalement répartis localement, peuvent être distingués. Les ménages retraités constituent plus du quart des ménages pauvres dans les Hauts-de-France comme au niveau national. Les ménages éloignés de l’emploi vivant en logement social sont quant à eux particulièrement représentés dans la région. Troisième profil de ménages pauvres le plus représenté dans les Hauts-de-France, les ménages pauvres en emploi sont particulièrement présents dans le sud de la région et les territoires périurbains.

Insee Analyses Hauts-de-France
No 159
Paru le :Paru le03/10/2023

4 départements sur 5 parmi les plus pauvres de France métropolitaine

Cette publication synthétise les résultats du dossier publié sur la pauvreté en Hauts-de-France (Insee Dossier Hauts-de-France n° 10, pour en savoir plus). La région Hauts-de-France est largement concernée par les phénomènes de pauvreté. Dans une approche strictement monétaire, elle se place au deuxième rang métropolitain pour son (figure 1). En 2020, 17,2 % de sa population, soit 1 032 000 habitants, vit sous le seuil de pauvreté monétaire, un taux supérieur de 2,8 points à celui de France métropolitaine.

Quatre départements des Hauts-de-France figurent parmi les départements les plus pauvres de France. Ainsi, les taux de pauvreté du Nord (18,4 %), de l’Aisne (18,0 %) et du Pas-de-Calais (17,8 %) figurent parmi les 15 plus élevés de France métropolitaine, ces départements se positionnant respectivement à la 8e, 11e et 14e place. La Somme (15,7 %) occupe le 24e rang, soit dans le premier quart des départements métropolitains les plus exposés. Avec un taux de pauvreté inférieur à la moyenne métropolitaine, l’Oise (12,8 %) se trouve dans la seconde moitié de tableau au 65e rang.

La région Hauts-de-France compte 2 482 000 ménages dont 410 000 vivent sous le seuil de pauvreté. Comme au niveau national, deux catégories de ménages sont particulièrement exposées à la pauvreté : les jeunes ménages dont plus d’un quart est concerné et les familles monoparentales pour plus d’un tiers d’entre elles. Elles ont les taux de pauvreté les plus élevés de France métropolitaine (où ils atteignent respectivement 22,4 % et 28,2 %).

Figure 1Taux de pauvreté monétaire par région en 2020

(en %)
Taux de pauvreté monétaire par région en 2020 ((en %))
Code région Libellé de la région Taux de pauvreté
94 Corse 18,3
32 Hauts-de-France 17,2
93 Provence-Alpes-Côte d’Azur 17,0
76 Occitanie 16,8
11 Île-de-France 15,5
44 Grand Est 14,5
France métropolitaine 14,4
75 Nouvelle-Aquitaine 13,3
28 Normandie 13,2
24 Centre-Val de Loire 12,9
27 Bourgogne-Franche-Comté 12,8
84 Auvergne-Rhône-Alpes 12,7
53 Bretagne 11,2
52 Pays de la Loire 10,5
  • Champ : ménages fiscaux dont le revenu disponible est positif ou nul.
  • Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2020.

Figure 1Taux de pauvreté monétaire par région en 2020

  • Champ : ménages fiscaux dont le revenu disponible est positif ou nul.
  • Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2020.

La redistribution atténue fortement la pauvreté

Malgré des situations de pauvreté fréquentes, dans les Hauts-de-France, les ménages pauvres sont moins éloignés du seuil de pauvreté que dans la plupart des autres régions. À l’échelon départemental, le médian des ménages pauvres est plus élevé que celui des départements avec un taux de pauvreté similaire (figure 2). Le Pas-de-Calais se démarque notamment par un niveau de vie médian des plus pauvres (11 110 euros par UC) parmi les cinq plus élevés de métropole alors que son taux de pauvreté figure parmi les plus élevés de France métropolitaine.

Les mécanismes de redistribution, via notamment le versement de , contribuent à réduire la pauvreté monétaire et donc son intensité. En 2020, la part d’allocataires d’un au sein de la population des 15 à 64 ans dans les Hauts-de-France est la plus élevée de France métropolitaine. De fait, les prestations sociales constituent 43,0 % du revenu disponible des ménages de la région sous le seuil de pauvreté, une part cinq fois plus importante que pour l’ensemble des ménages (8,2 %). Ces proportions sont sensiblement plus élevées qu’en France métropolitaine (respectivement 36,8 % et 5,9 %). Ainsi, la redistribution a un effet particulièrement marqué dans la région. Avant redistribution, 26,8 % de la population des Hauts-de-France pourraient être sous le seuil de pauvreté monétaire, soit le taux le plus élevé des régions métropolitaines.

Figure 2Taux de pauvreté monétaire par département et niveau de vie médian des ménages pauvres

Taux de pauvreté monétaire par département et niveau de vie médian des ménages pauvres - Lecture : 18 % des ménages du Pas-de-Calais sont pauvres, leur niveau de vie médian est de 11 110 euros par UC.
Code Libellé du département Taux de pauvreté (%) Niveau de vie médian des ménages pauvres (en euros par unité de consommation)
01 Ain 10,5 10 760
02 Aisne 18,0 10 870
03 Allier 15,3 10 820
04 Alpes-de-Haute-Provence 16,6 10 840
05 Hautes-Alpes 13,9 10 920
06 Alpes-Maritimes 16,2 10 420
07 Ardèche 14,3 10 820
08 Ardennes 18,3 10 870
09 Ariège 17,9 10 680
10 Aube 16,2 10 870
11 Aude 20,0 10 710
12 Aveyron 14,0 10 980
13 Bouches-du-Rhône 17,9 10 550
14 Calvados 11,9 10 960
15 Cantal 13,2 11 090
16 Charente 14,6 10 850
17 Charente-Maritime 12,4 10 970
18 Cher 14,0 10 900
19 Corrèze 13,1 11 030
21 Côte-d'Or 11,5 10 930
22 Côtes-d'Armor 12,1 10 940
23 Creuse 18,3 10 790
24 Dordogne 16,1 10 800
25 Doubs 12,2 10 940
26 Drôme 14,4 10 960
27 Eure 12,3 10 960
28 Eure-et-Loir 11,8 10 930
29 Finistère 11,0 10 890
2A Corse-du-Sud 16,3 10 680
2B Haute-Corse 20,1 10 600
30 Gard 19,4 10 660
31 Haute-Garonne 13,3 10 720
32 Gers 15,0 10 830
33 Gironde 12,4 10 760
34 Hérault 18,7 10 630
35 Ille-et-Vilaine 10,7 10 940
36 Indre 14,6 10 940
37 Indre-et-Loire 12,4 10 850
38 Isère 11,3 10 920
39 Jura 11,2 11 020
40 Landes 11,4 10 980
41 Loir-et-Cher 12,5 10 960
42 Loire 15,0 10 870
43 Haute-Loire 11,9 11 110
44 Loire-Atlantique 10,0 10 950
45 Loiret 13,2 10 900
46 Lot 14,9 10 860
47 Lot-et-Garonne 16,8 10 900
48 Lozère 14,9 10 840
49 Maine-et-Loire 11,1 11 080
50 Manche 11,4 11 120
51 Marne 14,2 10 880
52 Haute-Marne 15,0 11 040
53 Mayenne 11,0 11 130
54 Meurthe-et-Moselle 14,6 10 620
55 Meuse 14,2 10 960
56 Morbihan 11,5 10 950
57 Moselle 15,3 10 630
58 Nièvre 15,5 10 790
59 Nord 18,4 10 850
60 Oise 12,8 10 880
61 Orne 15,0 10 870
62 Pas-de-Calais 17,8 11 110
63 Puy-de-Dôme 13,2 10 800
64 Pyrénées-Atlantiques 12,2 10 890
65 Hautes-Pyrénées 15,5 10 840
66 Pyrénées-Orientales 20,7 10 680
67 Bas-Rhin 13,2 10 770
68 Haut-Rhin 13,2 10 800
69 Rhône 14,1 10 730
70 Haute-Saône 13,0 11 120
71 Saône-et-Loire 12,8 11 040
72 Sarthe 12,9 10 930
73 Savoie 10,3 10 860
74 Haute-Savoie 9,4 10 460
75 Paris 15,4 9 830
76 Seine-Maritime 14,6 10 900
77 Seine-et-Marne 11,7 10 710
78 Yvelines 9,7 10 690
79 Deux-Sèvres 11,9 11 080
80 Somme 15,7 10 940
81 Tarn 15,3 10 920
82 Tarn-et-Garonne 16,3 10 880
83 Var 15,3 10 670
84 Vaucluse 19,5 10 770
85 Vendée 8,9 11 260
86 Vienne 14,0 10 820
87 Haute-Vienne 15,3 10 780
88 Vosges 14,9 10 930
89 Yonne 14,3 10 930
90 Territoire de Belfort 14,8 10 850
91 Essonne 13,2 10 620
92 Hauts-de-Seine 11,9 10 300
93 Seine-Saint-Denis 27,6 10 280
94 Val-de-Marne 16,6 10 320
95 Val-d'Oise 17,0 10 510
  • Lecture : 18 % des ménages du Pas-de-Calais sont pauvres, leur niveau de vie médian est de 11 110 euros par UC.
  • Champ : ménages fiscaux dont le revenu disponible est positif ou nul.
  • Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2020.

Figure 2Taux de pauvreté monétaire par département et niveau de vie médian des ménages pauvres

  • Lecture : 18 % des ménages du Pas-de-Calais sont pauvres, leur niveau de vie médian est de 11 110 euros par UC.
  • Champ : ménages fiscaux dont le revenu disponible est positif ou nul.
  • Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2020.

Une diversité de profils des ménages pauvres

La pauvreté monétaire recouvre une diversité de situations personnelles ou professionnelles. Cependant, six profils de ménages pauvres se dégagent (figure 3). Trois d’entre eux renvoient à la situation de ces ménages par rapport à l’emploi (insérés sur le marché du travail, non insérés sur le marché du travail de moins de 30 ans ou encore retraités). Les trois autres regroupent des ménages faiblement insérés dans l’emploi mais les distinguent selon le statut d’occupation du logement (locataires du parc social, locataires du parc privé ou propriétaires). Dans la région comme au niveau national, ces six profils de ménages pauvres sont inégalement répartis géographiquement, certains profils ressortant plus particulièrement à l’échelle des différents (EPCI) (figure 4).

Figure 3Répartition des ménages en situation de pauvreté par type de profil de pauvreté

(en %)
Répartition des ménages en situation de pauvreté par type de profil de pauvreté ((en %))
Type de ménages Hauts-de-France France métropolitaine
Retraités 26,2 27,3
Locataires du parc social non insérés 23,2 17,2
Insérés sur le marché du travail 17,4 18,7
Locataires du parc privé non insérés 14,1 16,8
Non insérés de moins de 30 ans 11,7 10,6
Propriétaires non insérés 7,6 9,5
  • Champ : ménages fiscaux dont le revenu disponible est positif ou nul.
  • Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2020.

Figure 3Répartition des ménages en situation de pauvreté par type de profil de pauvreté

  • Champ : ménages fiscaux dont le revenu disponible est positif ou nul.
  • Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2020.

Figure 4Profils de ménages en situation de pauvreté surreprésentés par EPCI

Profils de ménages en situation de pauvreté surreprésentés par EPCI - Lecture : la CC du Haut Pays du Montreuillois se distingue au niveau national par une surreprésentation des ménages pauvres retraités.
Code géographique Libellé de l’EPCI Profil
200018083 CC de Desvres-Samer Insérés sur le marché du travail
200030633 CA du Caudrésis et du Catésis Non insérés locataires du privé
200033579 CU d'Arras Non insérés locataires du social
200035442 CC du Sud-Artois Insérés sur le marché du travail
200037059 CC de la Haute Somme (Combles - Péronne - Roisel) Non insérés locataires du social
200040426 CC du Val de l'Oise Non insérés locataires du privé
200040947 CC de Flandre Intérieure Insérés sur le marché du travail
200040954 CC des Hauts de Flandre Insérés sur le marché du travail
200041960 CC Pévèle-Carembault Insérés sur le marché du travail
200042190 CA de la Porte du Hainaut Non insérés locataires du social
200043263 CC CSur de l'Avesnois Non insérés locataires du privé
200043321 CC du Pays de Mormal Non insérés locataires du privé
200043396 CA Maubeuge Val de Sambre Non insérés locataires du social
200043404 CC du Sud Avesnois Non insérés locataires du social
200043495 CA du Pays de Laon Non insérés locataires du social
200044030 CC des 7 Vallées Retraités
200044048 CC Osartis Marquion Insérés sur le marché du travail
200044618 CA Douaisis Agglo Non insérés locataires du social
200066975 CC Senlis Sud Oise Non insérés locataires du social
200067965 CA de la Région de Compiègne et de la Basse Automne Non insérés locataires du social
200067973 CC Thelloise Insérés sur le marché du travail
200067999 CA du Beauvaisis Non insérés locataires du social
200068005 CC de l'Oise Picarde Insérés sur le marché du travail
200068047 CA Creil Sud Oise Non insérés locataires du social
200068500 CA de Cambrai Non insérés locataires du privé
200069029 CA des Deux Baies en Montreuillois Non insérés locataires du privé
200069037 CA du Pays de Saint-Omer Non insérés locataires du social
200069235 CC du Haut Pays du Montreuillois Retraités
200069482 CC des Campagnes de l'Artois Insérés sur le marché du travail
200069672 CC du Ternois Non insérés locataires du privé
200069722 CC interrégionale Aumale - Blangy-sur-Bresle Insérés sur le marché du travail
200070928 CC Terre de Picardie Insérés sur le marché du travail
200070936 CC Ponthieu-Marquenterre Retraités
200070944 CC du Vimeu Insérés sur le marché du travail
200070951 CC du Territoire Nord Picardie Non insérés locataires du privé
200070969 CC Avre Luce Noye Insérés sur le marché du travail
200070977 CC du Grand Roye Non insérés locataires du social
200070985 CC de l'Est de la Somme Non insérés locataires du social
200070993 CA de la Baie de Somme Non insérés locataires du social
200071181 CC Somme Sud-Ouest Non insérés locataires du privé
200071223 CC Nièvre et Somme Non insérés locataires du privé
200071769 CC Picardie des Châteaux Insérés sur le marché du travail
200071785 CA Chauny-Tergnier-La Fère Non insérés locataires du social
200071892 CA du Saint-Quentinois Non insérés locataires du social
200071983 CC Thiérache Sambre et Oise Non insérés locataires du privé
200071991 CC Retz-en-Valois Non insérés locataires du social
200072031 CA de la Région de Château-Thierry Non insérés locataires du social
200072460 CA de Béthune-Bruay, Artois-Lys Romane Non insérés locataires du social
200072478 CC Pays d'Opale Insérés sur le marché du travail
200090751 CA Grand Calais Terres et Mers Non insérés locataires du social
200093201 Métropole Européenne de Lille Non insérés de moins de 30 ans
240200444 CC de la Thiérache du Centre Non insérés locataires du privé
240200469 CC du Pays de la Serre Non insérés locataires du privé
240200477 CA GrandSoissons Agglomération Non insérés locataires du social
240200493 CC du Pays du Vermandois Non insérés locataires du privé
240200501 CC du Val de l'Aisne Insérés sur le marché du travail
240200519 CC du Canton d'Oulchy-le-Château Non insérés propriétaires
240200576 CC de la Champagne Picarde Insérés sur le marché du travail
240200584 CC du Canton de Charly-sur-Marne Insérés sur le marché du travail
240200592 CC du Chemin des Dames Insérés sur le marché du travail
240200600 CC des Trois Rivières Non insérés locataires du privé
240200634 CC des Portes de la Thiérache Non insérés locataires du privé
245900428 CU de Dunkerque Non insérés locataires du social
245900758 CC Flandre Lys Insérés sur le marché du travail
245901038 CC du Pays Solesmois Non insérés locataires du privé
245901152 CC CSur d'Ostrevent Non insérés locataires du social
245901160 CA Valenciennes Métropole Non insérés de moins de 30 ans
246000129 CC du Liancourtois Non insérés locataires du social
246000376 CC du Clermontois Non insérés locataires du social
246000566 CC du Plateau Picard Non insérés locataires du social
246000582 CC des Sablons Non insérés locataires du social
246000707 CC du Vexin-Thelle Non insérés propriétaires
246000749 CC des Lisières de l'Oise Insérés sur le marché du travail
246000756 CC du Pays Noyonnais Non insérés locataires du social
246000764 CC de l'Aire Cantilienne Insérés sur le marché du travail
246000772 CC des Deux Vallées Non insérés locataires du social
246000848 CC de la Picardie Verte Insérés sur le marché du travail
246000855 CC du Pays des Sources Insérés sur le marché du travail
246000871 CC du Pays de Valois Insérés sur le marché du travail
246000897 CC de la Plaine d'Estrées Insérés sur le marché du travail
246000913 CC du Pays de Bray Non insérés locataires du social
246000921 CC des Pays d'Oise et d'Halatte Non insérés locataires du social
246200299 CA d'Hénin-Carvin Non insérés locataires du social
246200364 CA de Lens - Liévin Non insérés locataires du social
246200380 CC de la Terre des Deux Caps Insérés sur le marché du travail
246200729 CA du Boulonnais Non insérés locataires du social
246200844 CC de la Région d'Audruicq Insérés sur le marché du travail
246201016 CC du Pays de Lumbres Insérés sur le marché du travail
247600588 CC des Villes SSurs Non insérés locataires du privé
248000499 CC du Val de Somme Insérés sur le marché du travail
248000531 CA Amiens Métropole Non insérés de moins de 30 ans
248000747 CC du Pays du Coquelicot Non insérés locataires du privé
  • Lecture : la CC du Haut Pays du Montreuillois se distingue au niveau national par une surreprésentation des ménages pauvres retraités.
  • Champ : ménages fiscaux dont le revenu disponible est positif ou nul.
  • Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2020.

Figure 4Profils de ménages en situation de pauvreté surreprésentés par EPCI

  • Lecture : la CC du Haut Pays du Montreuillois se distingue au niveau national par une surreprésentation des ménages pauvres retraités.
  • Champ : ménages fiscaux dont le revenu disponible est positif ou nul.
  • Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2020.

Plus du quart des ménages pauvres sont des ménages retraités

En Hauts-de-France comme au niveau national, les ménages pauvres retraités représentent plus du quart des ménages pauvres : 26,2 % dans la région et 27,3 % au niveau national (figure 3). Cette part constitue la plus faible de France de province, à égalité avec Grand Est, car les Hauts-de-France sont une région relativement jeune. Ce sont souvent des ménages d’une seule personne. Ainsi, ils ne représentent que 17 % de la population régionale en situation de pauvreté (18,5 % au niveau national). Ces ménages retraités pauvres sont plus souvent propriétaires de leur logement et habitent plus souvent en milieu rural non périurbain. Dans la région, ce profil est plus présent dans les départements du Pas-de-Calais, de la Somme et de l’Aisne (respectivement 29,7 %, 27,1 % et 26,9 %). Même s’ils se retrouvent dans l’ensemble des EPCI avec des parts s’échelonnant entre 17,4 % et 40,3 %, leur présence est plus marquée dans les EPCI âgés de l’ouest de la région et notamment dans les CC du Haut Pays du Montreuillois, des 7 Vallées et du Ponthieu-Marquenterre.

Les ménages pauvres en logement social éloignés de l’emploi plus présents dans la région

Les ménages pauvres non insérés sur le marché du travail et locataires dans le parc social constituent le deuxième profil le plus représenté dans la région Hauts-de-France. Regroupant 23,2 % des ménages pauvres contre seulement 17,2 % au niveau national, la région devance la Normandie (21,5 %), l’Île-de-France (21,4 %) et Grand Est (19,7 %). Cette forte surreprésentation s’explique à la fois par l’importance du parc de logements sociaux en lien avec l’histoire industrielle de la région, et par les fragilités du tissu économique, particulièrement marquées dans certains territoires anciennement très industriels. Fait saillant, un tiers des enfants en situation de pauvreté appartiennent à ce profil, du fait notamment de la surreprésentation des familles monoparentales parmi ces ménages. Ces dernières représentent ainsi 32,8 % des ménages de ce profil contre 22,4 % de l’ensemble des ménages pauvres et seulement 12,1 % de l’ensemble des ménages de la région.

Le profil des ménages non insérés sur le marché du travail et résidant en logement social est largement surreprésenté dans les départements du Nord (à hauteur de 24,3 % des ménages pauvres), du Pas-de-Calais et de l’Oise (23,7 %). À un niveau infra départemental, la proportion de ces ménages s’échelonne de 4,0 % à 35,3 % dans les EPCI de la région. Ils sont surtout concentrés dans les territoires urbains denses et anciennement industriels comme l’ex-bassin minier. Dans les communautés d’agglomération (CA) de Lens-Liévin, Creil Sud Oise, mais également les communautés urbaines (CU) de Dunkerque et d’Arras, 30 à 35 % des ménages pauvres appartiennent à ce profil.

Des ménages pauvres en emploi très présents dans le sud de la région et les territoires périurbains

Troisième profil le plus représenté dans la région en proportion, les ménages insérés sur le marché du travail englobent 17,4 % des ménages pauvres (soit un point de moins qu’en France métropolitaine). Pour appartenir à ce profil rassemblant des personnes pauvres mais en emploi, ces ménages doivent percevoir a minima un demi SMIC par adulte. En tenant compte de leur composition familiale, ils regroupent près d’un quart de la population pauvre, car les familles avec enfants y sont très représentées (47,7 % de la population ayant ce profil contre 22,6 % pour l’ensemble de la population pauvre). Ainsi, cette catégorie rassemble un tiers des enfants pauvres de la région. La part des revenus du travail dans le revenu disponible de ces ménages est 2,6 fois supérieure à celle de l’ensemble des ménages pauvres (81,7 %). Pourtant, au regard des charges familiales, leurs revenus d’activité sont insuffisants pour dépasser le seuil de pauvreté. Le niveau de vie médian des ménages pauvres insérés sur le marché du travail est néanmoins le plus élevé de l’ensemble des profils (12 170 euros annuels par UC). De plus, ils sont plus fréquemment propriétaires de leur logement et résident plus souvent dans des communes rurales périurbaines que l’ensemble des ménages pauvres de la région. La part des ménages insérés sur le marché du travail parmi les ménages pauvres varie de 12,6 % à 28,1 % dans les intercommunalités des Hauts-de-France. Ce profil est plus représenté dans le département de l’Oise (21,2 %). Huit communautés de communes (CC) isariennes à proximité de l’Île-de-France comptent ainsi plus d’un quart de leurs ménages pauvres dans cette catégorie.

Les ménages pauvres locataires du parc privé et non insérés plutôt situés dans des territoires ruraux

Les ménages locataires du parc privé non insérés sur le marché du travail regroupent 14,1 % des ménages pauvres. Comme les locataires du parc social, ces ménages dépendent davantage des prestations sociales qui constituent 67,1 % de leurs ressources contre 43,0 % de celles des ménages pauvres et seulement 8,2 % pour l’ensemble des ménages de la région. Ces ménages, un peu plus rares dans la région, sont toutefois surreprésentés dans les territoires plus ruraux, comme l’Aisne, la Somme et l’est du département du Nord (respectivement 22,3 %, 17,9 % et 18,8 % à l’échelle de ces trois départements). Par exemple, plus d’un quart des ménages pauvres dans la CA du Caudrésis et du Catésis, et plus d’un cinquième dans les CC du Cœur de l’Avesnois et de la Thiérache Sambre et Oise sont dans cette catégorie.

Une concentration de jeunes ménages pauvres non insérés dans la CA d’Amiens Métropole et la MEL

Les ménages de moins de 30 ans non insérés sur le marché du travail représentent 11,7 % des ménages pauvres, soit un point de plus qu’au niveau national. Les Hauts-de-France sont ainsi la première région métropolitaine pour la proportion de ces jeunes ménages pauvres devant Auvergne-Rhône-Alpes et Grand Est (respectivement 11,5 % et 11,4 %). Ces jeunes, en phase d’insertion professionnelle ou étudiants déclarant leurs revenus indépendamment de leurs parents, font face à des situations d’emplois intermittentes et peu rémunérées. Leurs ressources dépendent en grande partie des prestations sociales (minima sociaux, aides au logement et indemnités de chômage). Il s’agit majoritairement de personnes seules (51,2 % contre 42,0 % des ménages pauvres) qui résident essentiellement dans les territoires les plus urbanisés. La part de ces ménages de moins de 30 ans non insérés sur le marché du travail s’échelonne de 3,4 % à 22,4 % dans les EPCI des Hauts-de-France. La CA d’Amiens Métropole et la Métropole européenne de Lille (MEL), concentrant une population relativement jeune et beaucoup d’étudiants, abritent ainsi les plus fortes proportions de ménages pauvres de ce profil (respectivement 22,4 % et 16,7 %).

Peu de ménages pauvres propriétaires de leur logement dans la région

Enfin, un dernier profil rassemble les propriétaires non insérés dans l’emploi. Regroupant 7,6 % des ménages pauvres contre 9,5 % en France métropolitaine, c’est le moins fréquent au niveau national et il est sous-représenté dans les Hauts-de-France. La région figure en dernière position pour la proportion de ces ménages pauvres. En moyenne plus âgés (36,2 % sont dans la classe d’âge 50-59 ans), les indépendants (artisans, commerçants, agriculteurs exploitants…) y sont surreprésentés. Les indemnités de chômage occupent une part élevée de leurs revenus (21,1 % contre 8,6 % pour l’ensemble des ménages pauvres). Si cette catégorie est peu fréquente dans la région, quelques EPCI affichent des proportions sensiblement plus élevées, notamment les CC d’Oulchy-le-Château dans l’Aisne et du Vexin-Thelle dans l’Oise. Près d’un ménage sur cinq en situation de pauvreté y ont ce profil.

Des fragilités qui renforcent l’exposition à la pauvreté dans les territoires

Au-delà de ces profils de ménages qui recouvrent diverses situations (familiales, professionnelles…), la pauvreté monétaire s’accompagne fréquemment d’une multiplicité de fragilités. Les personnes pauvres souffrent souvent d’un manque de formation, ont un moindre accès aux soins ou aux services publics, et s’insèrent moins aisément sur le marché du travail… Résider dans des territoires plus exposés à ces fragilités renforce les difficultés rencontrées par ces ménages. En regroupant des indicateurs structurants sur sept grandes thématiques − insertion professionnelle, niveau de formation initiale, logement, situations familiales, mobilité, accès aux soins et accès aux services publics – il est possible d’identifier les territoires les plus fragiles en France métropolitaine.

La région Hauts-de-France se distingue par des fragilités très marquées concernant l’insertion professionnelle et le niveau de formation initiale. Ainsi 43,9 % des 16-25 ans de la région ne sont ni en emploi ni en formation, soit 7,5 points de plus qu’en moyenne métropolitaine. De la même façon, 47,6 % des 20-65 ans ne sont pas bacheliers (contre 41 % en France métropolitaine).

Publication rédigée par :Kevin Fusillier, Cyril Gicquiaux (Insee)

Définitions

Le taux de pauvreté est la proportion d’individus vivant dans des ménages en situation de pauvreté monétaire. Un ménage est en situation de pauvreté si son niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté.

Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation (UC). Le niveau de vie est donc le même pour tous les individus d’un même ménage.

L’échelle d’équivalence attribue 1 UC au premier adulte du ménage, 0,5 UC aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 UC aux enfants de moins de 14 ans.

Les prestations sociales (ou transferts sociaux) sont des transferts versés (en espèces ou en nature) à des individus ou à des familles afin de réduire la charge financière que représente la protection contre divers risques. Elles sont associées à six grandes catégories de risques : la vieillesse et la survie (pensions de retraite et de réversion), la santé (prise en charge de frais liés à la maladie, à l’invalidité, aux accidents du travail et aux maladies professionnelles), la maternité-famille (prestations familiales), la perte d’emploi (indemnisation du chômage) et les difficultés d’insertion ou de réinsertion professionnelle, les difficultés de logement (aides au logement), la pauvreté et l’exclusion sociale (minima sociaux).

Les minima sociaux comprennent le revenu de solidarité active (RSA), l’allocation de solidarité spécifique (ASS, destinée à des demandeurs d’emploi ayant épuisé leurs droits au régime d’assurance chômage ou ayant au moins 50 ans, bénéficiant de l’assurance chômage), les prestations de précarité relatives au minimum vieillesse (allocation de solidarité aux personnes âgées essentiellement) et au handicap (allocation aux adultes handicapés, allocation de soutien familial).

Les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) sont des regroupements de communes ayant pour objet l’élaboration de « projets communs de développement au sein de périmètres de solidarité ». Ils sont soumis à des règles communes, homogènes et comparables à celles de collectivités locales. Les communautés urbaines, communautés d’agglomération, communautés de communes, syndicats d’agglomération nouvelle, syndicats de communes et les syndicats mixtes sont des EPCI.

Le seuil de pauvreté monétaire est fixé de façon conventionnelle à 60 % du niveau de vie médian métropolitain. En 2020, pour la source Filosofi, il équivaut à un revenu disponible (revenu à la disposition du ménage pour consommer et épargner) de 1 120 euros mensuels par unité de consommation (UC). Le niveau de vie médian correspondant au seuil de pauvreté s’établit ainsi à 13 440 € par UC sur un an.

Les jeunes ménages sont les ménages dont le référent fiscal à moins de 30 ans.

Pour en savoir plus

(1) « Panorama de la pauvreté en Hauts-de-France : une diversité de situations individuelles et territoriales », Insee Dossier Hauts-de-France no 10, octobre 2023.

(2) « Qui sont les 190 000 travailleurs pauvres des Hauts-de-France ? », Insee Flash Hauts-de-France no 109, novembre 2020.

(3) « Une pauvreté très élevée, mais moins intense », Insee Analyses Hauts-de-France no 78, mai 2018.

(4) « Des seniors moins souvent en emploi, des revenus plus faibles une fois retraités », Insee Analyses Hauts-de-France no 155, juin 2023.

(5) « Près d’un demi-million de personnes proches du seuil de pauvreté », Insee Flash Hauts-de-France no 119, avril 2021.

(6) « Une région fortement touchée par les différentes formes de fragilités sociales », Insee Analyses Hauts-de-France no 74, mars 2018.